Les incendies en Grèce : La population est aussi victime de l'incurie gouvernementale30/08/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/08/une2039.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Les incendies en Grèce : La population est aussi victime de l'incurie gouvernementale

Plus de 60 morts à ce jour, des dizaines de milliers d'hectares partis en fumée, une centaine de villages brûlés, plus de 200 privés d'électricité, des milliers de familles qui ont perdu leur habitation, des centaines de réfugiés dormant sur les plages, des milliers de vacanciers bloqués dans la grande île d'Eubée et ne pouvant rentrer chez eux, etc. : c'est le bilan (provisoire) des graves incendies qui ravagent la Grèce depuis la mi-août. Principalement dans le Péloponnèse, mais aussi dans l'île d'Eubée, dans une partie de la banlieue d'Athènes ou encore dans la région de Ioannina (au nord du pays).

En juin et en juillet, deux autres vagues d'incendies avaient déjà fait une vingtaine de morts dans ce petit pays composé, aux trois quarts, de montagnes et de pinèdes. La canicule qui sévit depuis le début de l'été, le relief escarpé qui rend difficile l'évacuation des villages isolés du Péloponnèse, les vents violents, sont évidemment des facteurs qui ont contribué à ces incendies dramatiques, sans équivalent depuis des dizaines d'années dans le pays.

Mais cela n'explique pas toute l'ampleur de la catastrophe. La simultanéité de nombreux départs de feu, la découverte d'engins incendiaires sur certaines sites comme le mont Hymette, dans la banlieue d'Athènes, tout cela plaide pour une origine criminelle de certains incendies, qui auraient été allumés volontairement, afin de dégager des terrains dans des zones forestières où la construction n'est actuellement pas permise. C'est possible, mais si c'est le cas, c'est aussi parce ces gens-là pensent qu'ils obtiendront, à terme, des autorisations de construire, ou que les autorités fermeront les yeux devant les constructions illicites. À ce propos il faut rappeler que le gouvernement lui-même avait proposé, en 1998, une loi autorisant la construction sur certaines terres brûlées.

Il ne faut pas non plus oublier que tout cela intervient dans un contexte électoral (les élections législatives anticipées doivent avoir lieu le 16 septembre) et que cela permet aussi au gouvernement de tenter de se dédouaner en affirmant que la Grèce est victime d'un " complot ", etc. Cela lui évite de s'expliquer sur le manque évident de moyens dans un pays où les étés sont caniculaires et où les incendies de forêt représentent un danger permanent. Lors des premiers jours, bien des habitants n'ont ainsi pu compter que sur eux-mêmes et ont tenté, souvent sans succès, de stopper l'avancée des flammes avec des moyens dérisoires : des seaux remplis d'eau, des tuyaux d'arrosage de jardin, des branches...

Alors, le Premier ministre conservateur, Costas Caramanlis, qui est originaire d'une région du Péloponnèse particulièrement touchée par le drame, a décrété, le 25 août, l'état d'urgence et a promis des aides aux sinistrés. Mais derrière les déclarations et ses déplacements médiatisés, l'incurie du gouvernement, l'absence de coordination des différents services de l'État, sont criants. Dans certains villages, les pompiers ont ainsi perdu un temps précieux car la localisation des bornes d'incendie n'était pas recensée. Quant aux pompiers volontaires - dont le corps n'a été créé qu'en 1998 et dispose essentiellement de véhicules déclassés par l'armée - ils ont, de leur côté, dénoncé à la télévision la pagaille régnant les premiers jours, personne ne leur indiquant les lieux où ils devaient intervenir. Et puis surtout, le nombre de pompiers professionnels est notoirement insuffisant : Rizospastis, le quotidien du Parti Communiste de Grèce, a récemment rappelé que leur effectif avait diminué de 15 % sous le gouvernement du PASOK, le parti socialiste, puis à nouveau de 31 % sous celui de la Nouvelle Démocratie (le parti de Caramanlis au pouvoir depuis 2004). Le déficit s'élève ainsi à 3 740 pompiers.

La Grèce est certes un des pays les plus pauvres de l'Union européenne. Mais elle a su trouver des milliards d'euros pour financer les travaux des Jeux Olympiques de 2004. En revanche, pour entretenir correctement les forêts, instaurer des plans de prévention, un système d'alarme moderne, un plan d'évacuation des habitants, l'argent public est notoirement insuffisant. C'est un choix politique qui a aujourd'hui des conséquences tragiques.

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