Hausses des prix en rafale, mais Fillon est content de la situation !30/08/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/08/une2039.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Hausses des prix en rafale, mais Fillon est content de la situation !

Toute la presse pronostique une flambée des prix pour la rentrée de septembre. Même un journal aussi peu suspect d'opposition au gouvernement que Le Figaro titrait le 27 août que " la hausse des prix pèse sur le pouvoir d'achat des Français ". Il annonçait que " pain, beurre, lait, viande, électricité, loyer, moyens de transport (...) devraient augmenter dès la rentrée ". C'est dans cette situation que Fillon, le Premier ministre, avait la veille fait semblant de tout ignorer au journal télévisé de TF1.

Après avoir tout de même reconnu que " quelques prix " allaient augmenter dans le domaine alimentaire, il affirmait avec aplomb que " l'inflation n'a jamais été aussi bonne ", et que " la meilleure garantie contre la vie chère, c'est la concurrence ", comme si les grands trusts qui contrôlent toute la vie économique n'étaient pas capables de s'entendre entre eux pour imposer aux petits producteurs comme aux consommateurs les prix de leur choix.

Et, puisque le taux de croissance pour 2007 s'annonce plus faible que prévu, à la journaliste qui lui demandait si cela n'allait pas entraîner un déficit encore plus grand de l'État, Fillon a osé répondre que toutes les mesures prises par le gouvernement n'avaient pour but que de favoriser la croissance pour améliorer le pouvoir d'achat de la population.

Mais les mesures prises par le gouvernement, par exemple son " paquet fiscal " et ses diminutions d'impôts, profiteront surtout aux plus riches. Si ces derniers dépensent plus, cela augmentera peut-être la consommation des produits de luxe. Mais cela ne changera rien aux difficultés des familles populaires pour joindre les deux bouts.

Si le gouvernement avait vraiment voulu augmenter à la fois la consommation et le pouvoir d'achat, il aurait pu par exemple supprimer la TVA. Après tout, elle n'a pas toujours existé ! C'est l'impôt le plus injuste qui soit, puisqu'il frappe surtout ceux qui ont les revenus les plus modestes et qui sont bien obligés de dépenser tout ce qu'ils gagnent, tandis que les plus fortunés ont des excédents de revenus qu'ils placent de toutes sortes de façons, placements qui en plus de leur rapport font l'objet de dégrèvements. Voilà qui aurait, en augmentant le pouvoir d'achat de toute la population, largement favorisé la croissance économique.

Et puis, au lieu de diminuer les impôts des plus riches, dont la consommation est limitée car ils en placent la plus grande partie, il aurait mieux valu exonérer d'impôt sur le revenu les smicards, et même les salaires au-dessous de 1500 euros. Cela aussi aurait favorisé encore plus le pouvoir d'achat et la croissance économique en augmentant largement la consommation.

Mais évidemment, ce genre de mesures était impensable pour l'équipe Sarkozy-Fillon, dont la préoccupation essentielle est de permettre aux plus riches de le devenir encore plus.

Tout ce que ces gens-là ont à dire aux travailleurs, c'est que s'ils veulent gagner plus, ils n'ont qu'à travailler plus. Mais les plus riches n'ont pas besoin de travailler plus pour gagner plus : le gouvernement se charge de puiser dans les caisses de l'État pour leur permettre d'accroître encore leur fortune.

Ceux qui attendaient ou qui espèrent encore l'amélioration de leur niveau de vie ou de leurs revenus de l'élection d'un Sarkozy se trompaient, ou se trompent encore, lourdement. D'ailleurs, qu'attendre d'autre d'hommes qui comptent parmi leurs amis tous les milliardaires du pays ? La situation n'aurait sans doute pas été très différente si la candidate du Parti Socialiste l'avait emporté (il n'y a qu'à voir comment nombre des dirigeants de celui-ci se sont empressés de se rallier à la nouvelle majorité).

Mais cela prouve seulement que si le monde du travail veut mettre un coup d'arrêt aux attaques qu'il subit, c'est sur ses luttes qu'il devra compter. La rentrée sera peut-être l'occasion d'une colère qui sera bonne conseillère.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 27 août

Partager