Fausses raisons pour une vraie hausse des prix30/08/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/08/une2039.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fausses raisons pour une vraie hausse des prix

Le prix de la baguette de pain va atteindre un euro en boutique, a annoncé la fédération professionnelle des boulangers, invoquant la hausse des cours du blé et celle du smic. Deux bien mauvaises raisons. D'abord, si le prix du blé est bien en train de remonter, c'est après plus de quinze ans de baisse des cours, qui n'avaient jamais entraîné de baisse de prix du pain. Au contraire, dans la même période, la baguette a augmenté de 50 % ! De toute façon, le prix du blé ne représente que 4 ou 5 centimes dans le prix d'une baguette. Quant aux salaires, qui sont effectivement proches du smic au bas de l'échelle dans les boulangeries où ne travaille pas qu'un artisan, ils mériteraient bien un coup de pouce. Mais comme ils n'ont pas monté de 50 % ces dernières années, contrairement au prix de la baguette, il y a peu de chance que l'augmentation annoncée pour la rentrée leur profite beaucoup.

Et le même raisonnement vaut pour de nombreux produits alimentaires dont on nous annonce aussi la prochaine hausse. Les volailles, nourries aux céréales, les biscuits, les pâtes, devraient suivre le pain. Et comme le prix du lait a doublé en un an, Danone, Nestlé et autres Président, La Laitière ou Société annoncent la hausse des produits laitiers et du fromage. Le beurre de son côté a déjà augmenté de 40 % en un an.

Mais le cours du lait baissait régulièrement depuis trois ans et là encore, cela n'a pas entraîné les prix vers le bas. La surproduction de lait en Europe est ancienne, entraînant son prix vers le bas, et la politique agricole commune visait explicitement à en réduire la production. La hausse actuelle ressemble à un à-coup du marché, utilisé comme prétexte à la hausse des prix.

D'autant que, là encore, le prix des matières premières ne représente pas la plus grande part dans le prix des produits de ce secteur, comparé aux frais de transformation, d'emballage, de publicité, de distribution, et surtout comparé aux provisions, amortissements, profits, frais d'acquisition et de fusion qui font l'essentiel des comptes de ces trusts de l'agro-alimentaire.

Et qu'ils ne viennent pas nous dire que leurs salariés ont été augmentés de 5, 10 ou 40 % l'an dernier : on y croirait autant qu'au beurre en broche.

On nous explique doctement que l'augmentation des prix de certaines matières premières agricoles serait due à des problèmes météorologiques, ou même à l'augmentation de la demande dans les pays du Tiers Monde. C'est une façon de présenter, fallacieuse pour l'une, cynique pour l'autre, le fonctionnement erratique des marchés, qui amplifie aveuglément de petites tendances. Et qui sert surtout aujourd'hui à nous expliquer qu'il est indispensable de nous faire payer plus cher.

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