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Leur société
Expulsions de locataires en Seine-Saint-Denis : Quand la police intervient à Drancy
Fin juillet, un nouveau préfet a été nommé pour la Seine-Saint-Denis : c'est un ancien directeur de l'administration de la police nationale, de 2001 à 2004, lorsque Sarkozy était ministre de l'Intérieur. Cela explique sans doute un durcissement de l'administration et de la police.
C'est dans ce contexte que s'est déroulé, le 22 août au matin, à Drancy (ville de Seine-Saint-Denis) une expulsion particulièrement mouvementée. Ce jour-là plusieurs policiers et un commissaire se sont heurtés à des voisins, des militants et sympathisants (essentiellement du PCF) qui ont tenté d'empêcher l'exclusion d'une famille (un couple et trois enfants) d'un appartement de la cité Marcel-Cachin.
Devant ce rapport de force peu favorable, le commissaire a préféré demander des renforts, et ce sont finalement trois commissariats (Pantin, Bobigny et Drancy) qui sont intervenus pour rompre la chaîne humaine qui soutenait cette famille et pour la déloger.
Encore a-t-il fallu que le serrurier requis, ne parvenant pas à ouvrir la porte, se serve d'un bélier pour la défoncer.
La famille en question, qui habitait il y a quelques années un pavillon, avait dû l'évacuer à la suite de l'incendie d'une entreprise contiguë. Elle avait été relogée provisoirement à Drancy, en HLM et, pour plusieurs raisons, le provisoire avait fini par durer quatre ans et demi. Cette famille espérait bien pouvoir rester sur place, elle payait régulièrement son loyer.
Mais la procédure d'expulsion était en route, de la part de l'office d'HLM. Devant la menace, plusieurs centaines de personnes avaient alors signé une pétition de soutien à ceux qui étaient ainsi menacés.
Le maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde (ex-UDF aujourd'hui au Nouveau Centre), a répondu personnellement à tous les signataires qui avaient laissé leur adresse en accusant la famille d'être des " tricheurs " qui cherchaient à se faire loger avant les demandeurs régulièrement inscrits sur les listes. Il préparait ainsi et justifiait l'expulsion. Mais les gens en question ne sont nullement des tricheurs, et puis loger des gens en en mettant d'autres dehors, cela ne résoud rien.
Finalement, dans son malheur, cette famille a tout de même eu une chance relative, car les autorités, compte tenu des enfants et du fait que chacun des adultes a un emploi, lui ont proposé un appartement dans la ville de Saint-Denis, qui serait prêt dans quinze jours.
Face aux expulsions, la mobilisation des voisins met de gros grains de sable dans les rouages d'une administration et d'une police qui aimeraient bien que leurs mauvais coups se fassent en silence et en toute discrétion.