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- Lutte ouvrière n°2039
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Dans le monde
États-Unis : Salariés et familles modestes premières victimes de la crise de l'immobilier
La menace d'une crise financière internationale déclenchée par le krach des sociétés de crédits immobiliers aux États-Unis semble conjurée, grâce aux centaines de milliards injectés par les banques centrales, américaine bien sûr, mais aussi japonaise et européenne. Vu l'opacité qui est de règle dans le secteur financier, on ne peut pas exclure d'autres rebondissements, ni les prévoir. Mais une chose est d'ores et déjà certaine : aux États-Unis, les principales victimes en seront les salariés des organismes de prêts immobiliers et les familles modestes qui ont emprunté pour acheter leur maison.
Les saisies de maisons et les expulsions se multiplient, car beaucoup ne peuvent plus payer des mensualités qui ont doublé ou triplé. Les procédures de saisie de logements se chiffreraient à 1,1 million depuis janvier, dont 180 000 rien qu'en juillet. Les organismes populaires d'accès à la propriété et les associations de défense des consommateurs réclament un moratoire des saisies et des ventes aux enchères. Mais l'État américain ne se mobilise que pour sauver la mise aux plus gros spéculateurs.
Car ceux-ci savent fort bien se placer sous la protection de l'État en se déclarant en faillite ce qui leur permet d'échapper à leurs créanciers et aux lois sociales. Tel organisme de crédit se débarrasse de quasiment tous ses salariés, tel autre des deux tiers d'entre eux seulement. Un cabinet spécialisé a totalisé 21 000 suppressions d'emplois entre le 1er et le 22 août, dont la moitié entre le 17 et le 22. En dix-huit mois, les dépôts de bilan ou rachats auraient touché près de 80 sociétés. Et le mouvement s'étend à tout le secteur financier, qui en six mois aurait perdu 88 000 emplois (presque le double de toute l'année 2006), le secteur du crédit immobilier n'en représentant que 40 %. Les patrons de la finance profitent au maximum de la crise immobilière. Pour le patron d'un cabinet de reclassement, " de nombreuses sociétés cessent leur activité pour un rien " et il se déclare choqué. Mais ce qui le choque, lui, plonge dans la misère des milliers de salariés et de familles.
Quand PDG et actionnaires de sociétés spéculatives, souvent filiales des banques les plus riches, pleurent misère, l'État américain juge de son devoir de voler à leur secours. Quand des dizaines de milliers de salariés sont licenciés, perdent leur maison et risquent de se retrouver à la rue, il a pour règle de ne pas " troubler le jeu du marché "...