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- Lutte ouvrière n°2038
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Leur société
Scolarisation des élèves handicapés : Le ministre brandit des chiffres... pour mieux cacher la misère
Xavier Darcos, le ministre de l'Éducation nationale, a annoncé la création pour la rentrée de 2 700 postes supplémentaires d'AVS-I (auxiliaire de vie scolaire-individuel), chargés d'aider les enfants handicapés scolarisés.
Ces AVS-I aident les élèves pour l'écriture, les accompagnent lors des repas, des sorties scolaires ou lors d'activités sportives et jouent également un rôle de médiation avec l'entourage de ces enfants handicapés. Dans une période où on annonce 17 000 suppressions de postes à la prochaine rentrée dans l'Éducation nationale, voilà enfin une nouvelle... qui se traduirait par plus de moyens pour certains élèves. C'est vite dit...
Une nouvelle loi sur le handicap avait été votée en 2005, mais il ne suffit pas de décréter. Par exemple, l'inscription devenue obligatoire de l'enfant handicapé dans l'établissement le plus proche de chez lui n'implique pas automatiquement qu' il y sera scolarisé, faute de bâtiments accessibles ou en raison de l'absence d'auxiliaire de vie scolaire (AVS), ce qui scandalise les parents à juste titre.
Mais pour que les parents obtiennent un AVS, les choses ne sont pas simples. En témoigne le dossier de plusieurs dizaines de pages qu'on demande de remplir aux familles. Des enseignants dits référents étudient les demandes des familles, mais très souvent, du fait qu'il sont trop peu nombreux et en plus chargés de conseiller les enseignants qui accueillent les élèves handicapés dans leurs classes, les délais entre les demandes et les décisions s'allongent. Dans le Gers, trois enseignants avaient la charge de 1 500 dossiers. Il faut donc parfois jusqu'à un an pour que l'attribution d'un AVS soit décidée.
Du fait de la nouvelle loi, « le nombre d'enfants handicapés scolarisés à l'école ordinaire a progressé de plus de 80 % » en cinq ans, pour atteindre le chiffre d'environ 100 000, a constaté un rapport récent du Sénat. De plus en plus de décisions de recrutement d'AVS-I sont prises mais si le nombre d'AVS-I augmente, il augmente beaucoup plus lentement qu'il le faudrait, ce qui « conduit progressivement à une réduction du temps d'accompagnement individuel moyen », comme l'écrit le même rapport.
Derrière les effets d'annonce, le nombre de postes n'avait pas suivi ou alors ceux-ci n'avaient pas été pourvus, et pour cause... Les AVS-I peuvent être recrutés sous trois types de contrats différents mais tous sont précaires.
Le recours aux EVS (emplois de vie scolaire, un AVS-I sur trois), qui sont des contrats à temps partiel d'une durée maximale de deux ans, est mal ressenti par les familles car ils ne reçoivent aucune qualification et peuvent être eux-mêmes en difficulté, et donc pas toujours en situation de s'occuper d'un enfant handicapé. Le recours à des CDD amène en outre l'Éducation nationale à renouveler régulièrement ces personnels, ce qui entraîne une instabilité difficile à vivre pour les enfants et leurs familles.