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Leur société
Il faut régulariser les sans-papiers et les réfugiés
Pour obtenir leur régularisation, soixante-cinq sans-papiers de Lille sont en grève de la faim. Au moment où nous écrivons, cinquante-cinq d'entre eux entament leur 67e jour de jeûne. Avec évidemment l'accord du gouvernement, le préfet du Nord, ancien secrétaire général de Sarkozy au ministère de l'Intérieur, refuse de céder. Sept grévistes de la faim ont été expulsés vers la Guinée sur des avions d'Air France et de Royal Air Maroc, bastonnés, pieds et mains menottés, scotchés aux sièges et parfois drogués. Et mardi 21 août, la police a arrêté plus de 40 grévistes qui ont été conduits dans les locaux de la Police de l'air et des frontières.
À Amiens, Ivan, l'enfant de 12 ans tombé d'un quatrième étage pour tenter d'échapper à une rafle policière, vient de sortir de douze jours de coma. Lui et ses parents, originaires d'Ukraine et de Tchétchénie, sont réfugiés politiques en France depuis 2004. Mais, toutes les demandes d'asile et tous les recours qu'ils ont pu déposer leur ont été refusés. Le 9 août à l'aube, les policiers venaient à leur domicile pour les expulser de force.
Depuis juillet, les préfectures livreraient aux magistrats et aux policiers des listes d'adresses leur permettant d'arrêter des demandeurs d'asile de plus en plus souvent déboutés : 32 000 refus sur 39 000 demandes en 2006. Les adresses de ces refusés de l'asile politique sont connues par les services préfectoraux ainsi que par l'Office de protection des réfugiés, tout comme les adresses des parents sans papiers d'enfants scolarisés qui les avaient spontanément révélées en juin 2006, lorsque la circulaire de Sarkozy promettait leur régularisation sous conditions. Seulement, sur 33 500 demandes de régularisation, 26 000 avaient alors été arbitrairement rejetées.
Lundi 20 août, Sarkozy et Hortefeux ont reclaironné leur objectif d'effectuer 25 000 expulsions d'immigrés sans papiers d'ici à la fin 2007. Leurs services n'ayant annoncé que 12 000 expulsions effectuées pour le premier semestre, ils veulent mettre les bouchées doubles, d'où peut-être des rafles à domicile et une recrudescence des rafles dans les lieux publics. Pour parvenir à 25 000 expulsions, Sarkozy estime qu'il faut effectuer 125 000 interpellations. Cela signifie une multiplication des arrestations au faciès dans les quartiers populaires, où vit une grande partie de la population travailleuse ! Sa nouvelle loi sur « l'immigration triée » devant être discutée à l'Assemblée nationale à partir du 18 septembre, il tient à rappeler qu'il ne veut en France que des travailleurs immigrés répondant strictement aux besoins patronaux, même momentanés, et surtout sans aucune charge sociale familiale. Une « immigration choisie » en quelque sorte, mais par la seule bourgeoisie. Le gouvernement sait qu'il ne supprimera pas ainsi les immigrants clandestins, mais il les veut cachés, traqués, travailleurs esclaves des temps modernes.
Louis BASTILLE
Samedi 25 août, comme tous les ans depuis 1996, des manifestations rappelleront dans diverses villes l'expulsion, après que les portes de l'église Saint-Bernard eurent été forcées à coups de hache, des sans-papiers grévistes de la faim qui s'y étaient réfugiés.
Lutte Ouvrière appelle à participer à ces manifestations. À Paris, la manifestation partira à 14 heures de la place de la République. Un rassemblement aura lieu aussi devant l'église St-Bernard dans le XVIIIe arrondissement.