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Leur société
Crise financière : Paroles rassurantes pour les petits, des milliards pour les gros
« Ce n'est pas un krach », déclarait jeudi 16 août Christine Lagarde. Pour la ministre française de l'Économie, l'urgence était de rassurer le public le plus large possible de ce que les commentateurs économiques appellent « les investisseurs », le public le moins averti aussi, composé de bourgeois petits et moyens et même de salariés qui se sont laissé convaincre par leur banque de placer leurs économies dans des fonds d'investissements, des sicav, plutôt que de les laisser « dormir ». Rassurer à tout prix pour éviter que ce public ne fasse le siège des banques ou des assurances pour réclamer la liquidation de ses placements et le remboursement de son argent, voire pour vider ses comptes courants avant que les banques se déclarent hors d'état de rembourser quoi que ce soit, tel est le souci de la ministre. Car évidemment la confiance des petits épargnants est l'un des facteurs clef de la situation.
Mais pour « rassurer » les grandes banques, les organismes de crédit, les sociétés d'investissement et leurs gros clients, les autorités monétaires mondiales ne se sont pas cantonnées à des déclarations apaisantes. La Banque centrale européenne (BCE) a injecté les milliards par dizaines en quelques jours. Elle a été accompagnée par des interventions de la Banque centrale japonaise et de la Réserve fédérale (la Banque centrale américaine) qui, en plus d'avoir mis quelques milliards de dollars dans le circuit, a surtout baissé de 50 points de base son taux d'escompte, le taux de ses prêts aux grandes banques.
En inondant le marché de liquidités, en engageant des fonds publics, les États les plus puissants de la planète ont donc voulu montrer aux gros investisseurs et aux spéculateurs leur détermination à soutenir les banques et le système.
II est difficile de dire si cela suffira à calmer cette crise. Mais même si c'est le cas, ce n'est sans doute que partie remise. Des masses considérables de capitaux sont constamment à la recherche de secteurs d'investissements, productifs quelquefois, mais de plus en plus souvent dans des constructions financières plus baroques et artificielles les unes que les autres. C'est ce phénomène qui est à l'origine des bulles spéculatives. C'est cette pression qui a suscité le développement des crédits à risques dans l'immobilier aux États-Unis et qui est à la source de la crise actuelle. Elle en provoquera malheureusement d'autres.