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Leur société
Travail saisonnier : Exploitation permanente
En été, les emplois saisonniers se multiplient, essentiellement dans les métiers du tourisme et dans l'agriculture. Officiellement, ils sont deux millions, mais 50 % de saisonniers n'auraient pas de contrat de travail, ce qui en doublerait le nombre.
Le travail saisonnier ouvre la porte à bien des abus, que dénoncent les syndicats. Ainsi, parmi les 400 000 employés dans l'hôtellerie-restauration, beaucoup n'ont même pas de contrat de travail, ce qui permet à leur employeur de les sous-payer, et ce qui les prive d'une couverture en cas d'accident. Ils sont aussi confrontés au non-paiement des heures supplémentaires, souvent imposées. Quant à leur logement, il est souvent indigne, surtout dans les lieux les plus fréquentés par les touristes. D'après la CGT, « de plus en plus de saisonniers dorment dans des tentes, des caravanes, des voitures, sur la plage ou dans des hébergements d'urgence ». Très peu osent contester les abus qu'ils subissent, parce qu'ils sont en majorité jeunes ou étrangers, souvent isolés et que, de plus, ils ne connaissent pas leurs droits en tant que salariés.
Dans l'agriculture, la situation est encore pire pour les 800 000 saisonniers qui y sont employés. Ils sont payés au smic, voire parfois en dessous, sans être toujours là encore déclarés officiellement, pour des conditions de travail très dures. Il y a d'ailleurs eu récemment des affaires de travailleurs quasiment réduits en esclavage par leurs patrons durant la période de cueillette des fruits. Et pourtant l'embauche de nombreux travailleurs étrangers s'y fait tout à fait officiellement, au travers de l'Anaem, l'ex-OMI (Office des migrations internationales), qui a signé des accords avec la Tunisie, le Maroc ou la Pologne.
Mais cela n'est qu'une partie du travail saisonnier, la plus visible. Comme le constate la CGT, « les saisonniers sont partout ». En effet on trouve des employés saisonniers dans les banques, les supermarchés, les entreprises de BTP et même dans les collectivités locales. Ce type de contrat ne prévoyant pas de versement de prime de précarité à la fin du contrat, contrairement au CDD, il est encore plus intéressant pour les employeurs.
En réalité, le travail saisonnier est utilisé par de nombreux patrons, et pas uniquement dans le tourisme ou l'agriculture, pour accroître la précarité et faire encore plus de profits. Et pas seulement dans des secteurs marginaux.