Augmentation des prix du lait : Producteurs et consommateurs rançonnés par les trusts16/08/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/08/une2037.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Augmentation des prix du lait : Producteurs et consommateurs rançonnés par les trusts

La presse a récemment annoncé que les prix des produits laitiers allaient monter, ce qu'a confirmé Franck Riboud, le PDG de Danone, en annonçant une augmentation moyenne de 2,5 % de ses produits. Les industriels de l'agro-alimentaire se justifient en invoquant une forte progression de la demande et une hausse des prix payés aux producteurs de lait. Et de mettre en avant la revalorisation de 4,9 % du prix du lait payé aux producteurs, prévue pour le troisième trimestre.

Que les producteurs obtiennent un meilleur prix, ce n'est que justice, d'autant que l'augmentation des céréales comme le maïs et le soja, principales sources d'alimentation du bétail en hiver, pèse sur leurs revenus. Certains représentants des producteurs, comme la Confédération paysanne, estiment d'ailleurs que cette revalorisation, qui ne représente pas plus de 1,3 centime d'euro par litre, est insuffisante, le prix du lait n'ayant cessé de baisser depuis cinq ans. Ainsi, de 2001 à 2005, les prix payés aux producteurs sont passés en moyenne de 31 centimes d'euro à 27,7 centimes par litre, soit un recul de 12 %, qui s'est encore accentué en 2006.

Les industriels sont prompts à répercuter les augmentations des prix du lait, mais ils le sont beaucoup moins pour répercuter les baisses. Bien au contraire. Durant la même période 2001-2005, les prix à la consommation ont régulièrement progressé, l'augmentation globale atteignant environ 14 %.

L'écart entre le prix d'achat et le prix de vente a donc exclusivement profité aux géants de l'industrie du lait et de ses dérivés, comme Sodiaal (marque Candia), Lactalis (marque Lactel), Danone ou Bongrain, et aux trusts de la distribution, qui assurent 75 % de la commercialisation du lait.

Cette évolution a fait que de nombreux producteurs se sont tournés vers des productions plus rentables ou ont parfois jeté l'éponge. Environ 5000 agriculteurs (5 % des producteurs) renoncent chaque année à cette activité. Cela contribue à la diminution du cheptel de vaches laitières (2 % pour la seule année 2006) ; cette diminution ayant été encouragée par des primes à l'abattage, après la surproduction enregistrée dans les années 1980.

Cela contribue à la baisse de la production. Avec 23 milliards de litres par an, la France n'arrive même pas à atteindre les quotas qui lui ont été attribués par les autorités européennes.

Quant aux mesures préconisées par le gouvernement pour détendre le marché, comme le relèvement de 0,5 % des quotas de production pour la saison 2007-2008, elles font sourire. Car, à moins d'avoir inventé une manière d'augmenter la production de lait sans augmenter le nombre de vaches, cela risque de prendre un certain temps... celui de la gestation et de l'élevage des génisses jusqu'à leur maturité.

En attendant, les trusts de l'agro-alimentaire et de la distribution continueront à mettre en avant la pénurie de lait pour faire leur beurre au détriment des consommateurs.

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