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Leur société
Violences conjugales : Une victime condamnée
Pour s'être enfuie en « cachant » l'adresse où elle s'était réfugiée avec ses trois enfants, une femme a été condamnée par le tribunal de Dunkerque à trois mois de prison avec sursis et à verser 800 euros d'amende à son ancien mari, qui la battait.
Après s'être adressée à une association qui l'avait placée provisoirement dans un foyer d'accueil, la femme avait porté plainte contre son mari violent. Mais comme celui-ci était retourné en Turquie, la justice avait classé l'affaire.
Quelque temps après, le mari a assigné en justice sa femme et l'association qui l'avait aidée, sous prétexte qu'on l'avait empêché d'exercer son « autorité parentale ». Et, bien que le procureur ait lui-même évoqué « l'état de nécessité » dans lequel se trouvait l'inculpée et n'ait pas demandé de peine particulière, le tribunal a cru bon devoir condamner la femme.
D'après les associations d'aide aux femmes battues, plusieurs centaines de femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint. Une femme sur cinq est victime de la violence d'un conjoint au moins une fois dans sa vie.
Le 14 mars dernier, le gouvernement avait mis en place un numéro d'appel d'urgence pour les femmes battues, immédiatement saturé. Le service reçoit en effet près de deux cents appels par jour mais n'arrive à en traiter que quatre-vingts, faute de moyens.
Les associations dénoncent à juste titre le manque de structures d'accueil adaptées ainsi que l'injustice des lois, héritées d'un autre temps, qui ne protègent pas suffisamment les victimes et leurs enfants.