Routes dangereuses et laisser-faire : Une organisation criminelle des transports.25/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2034.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Routes dangereuses et laisser-faire : Une organisation criminelle des transports.

L'accident du car de pèlerins polonais, survenu le 22 juillet près de Vizille au sud de Grenoble, a causé la mort de vingt-six personnes, et vingt-quatre ont été blessées, dont une quinzaine très grièvement.

La côte de Laffrey est connue pour sa dangerosité, et bien au-delà de la région. Longue de 8 kilomètres, avec une déclivité moyenne de 7 %, elle ne peut être abordée qu'avec la plus extrême prudence et un matériel en bon état. Elle est d'autant plus dangereuse qu'elle se termine par un virage juste avant d'enjamber une rivière, la Romanche, à l'endroit où l'accident s'est produit. Déjà, dans les années soixante-dix, deux accidents d'autocar meurtriers ont eu lieu au même endroit.

Bien sûr, de nombreux panneaux, situés en haut de la côte, recommandent la prudence et interdisent l'emprunt de cette route aux poids lourds et aux autocars ne disposant pas d'une dérogation. Et pourtant, ainsi qu'en ont témoigné les habitants, la circulation y est incessante, et poids lourds et autocars l'empruntent sans arrêt.

Le chauffeur du car polonais n'a-t-il pas vu ou pas compris les panneaux ? A-t-il sous-évalué le danger, ne connaissant pas cette route ? Son car, qui avait subi un contrôle technique trois semaines auparavant, disposait-il des éléments de freinage nécessaires pour aborder cette descente à moindre risque ? L'enquête ne fait que commencer. Mais déjà, les autorités françaises commencent à l'accabler et elles se retranchent derrière les " directives européennes " qui préconisent (sans le rendre pour autant obligatoire) l'usage d'un ralentisseur pour tous les véhicules lourds, pour minimiser leurs propres responsabilités dans la conception vétuste et l'entretien du réseau routier en France. Et surtout, nul ne pense à remettre en cause l'organisation aberrante des transports routiers, qu'il s'agisse du transport d'êtres humains ou de marchandises.

Des centaines, des milliers de cars font des allers-retours incessants en Europe parce que ce moyen de transport est le moins onéreux. Ils empruntent des routes parfois dangereuses, et trop souvent ces véhicules sont dangereux parce que, pour cause d'économies, ils roulent longtemps avec un entretien minimum. Ce car de pèlerins était venu du nord de la Pologne pour aller jusqu'au Portugal et revenait en passant par les Alpes. Les accidents avec ce type de transport sont fréquents, aussi bien sur courtes que sur longues distances. Et si tous ne sont pas aussi meurtriers, les victimes se comptent chaque année par dizaines dans toute l'Europe.

L'Union européenne, ainsi que les différents États qui en font partie, parlent bien de la nécessité d'installer différents systèmes de sécurité sur les poids lourds et les transports en commun. Mais ils sont encore loin d'imposer des règles strictes de sécurité assorties de véritables contrôles, et encore moins de revoir cette organisation aberrante de la société qui conduit à un développement incontrôlé des transports par route alors que ce sont globalement les plus dangereux.

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