Au Technocentre Renault, dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, depuis moins d'un an, trois travailleurs ont successivement mis fin à leurs jours.

Se sentant contrainte de réagir devant l'émotion suscitée par ces suicides parmi les 11 000 salariés, la direction de Renault, Ghosn en tête, a cru bon de souligner que si " chacun a droit à l'échec, Renault n'y a pas droit ". De solutions concrètes, point, hormis la promesse de cent embauches, intervenant après la suppression de centaines de postes. De toute façon si Renault a reconnu un " mal-être " chez certains salariés, elle ne s'en dit pas responsable.

Or, le suicide du salarié qui s'était jeté du 5e étage du bâtiment central avait été reconnu comme accident du travail par la Caisse Primaire d'Assurance Maladie. Cette décision, qui pouvait sembler de simple bon sens, avait été reçue avec un certain soulagement par la famille comme par tous ceux qui connaissent les conditions de travail au Technocentre, en particulier les pressions incessantes qui règnent. Mais, fin juin, la direction a fait savoir qu'elle a décidé un recours contre le classement du suicide en accident du travail.

Malgré les témoignages de proches, de collègues, malgré l'existence de lettres mettant en cause directement le management de Renault, la direction du Technocentre refuse toute mise en cause et, partant, n'accepte qu'aucun de ces suicides puisse être considéré comme accident du travail.

La décision de la direction choque les salariés, non seulement les collègues proches mais bien au-delà. Derrière les déclarations floues, d'ailleurs complaisamment reprises par les médias, Renault affiche une attitude cynique et ses explications calibrées, destinées à justifier son recours contre la CPAM, ne passent pas.