Sarkozy vote Strauss-Kahn.12/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2032.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Sarkozy vote Strauss-Kahn.

Les Lang et autres Strauss-Kahn nous avaient appelés à " voter utile " pour " battre la droite ". Et voilà la droite qui leur ouvre grand les portes. Car le plus convaincu que voter PS c'est utile, c'est encore Sarkozy, lequel après avoir gagné à sa cause quelques éléphanteaux, monte les enchères en votant Strauss-Kahn pour la présidence du FMI, et en invitant Lang au sérail.

Pour un parti qui a perdu les élections, le PS s'est bien rattrapé dans la composition du gouvernement de cette droite " à abattre ". C'est la nouvelle tactique pour combattre l'ennemi de l'intérieur : le rallier ! Les seuls perdants sont ces loyaux soutiens de Sarkozy furieux de s'être fait coiffer par leurs adversaires dans la course à la mangeoire. Pauvres petits notables UMP qui croyaient encore à la différence entre la gauche et la droite !

Cette valse de nominations socialistes au gouvernement, puis pour des " missions " et " commissions ", enfin le soutien d'une candidature socialiste à la tête de la principale institution internationale de l'impérialisme, n'a finalement jeté qu'un léger trouble au PS. Point trop d'indignation, somme toute. C'est que les débauchés du PS se multiplient bien au-delà des seconds couteaux. On avait eu la cohabitation, voilà le concubinage.

Jack Lang, l'une des deux cibles de la semaine, invité à faire partie d'une commission sur les institutions présidée par Balladur, s'est dit " touché " et " honoré " de la proposition et devrait répondre dans les prochains jours.

Quant à Strauss-Kahn, c'est la vedette consensuelle en France comme dans le reste de l'Europe. Même Hollande qui répète sans trop de conviction qu'il y a une gauche et une droite, s'accorde avec Sarkozy pour juger que Strauss-Kahn a le profil de l'emploi pour le FMI et trouve " normal que la France appuie une candidature de cette qualité ". Après tout, le PS n'a rien trouvé à redire à l'action d'un de ses membres, Pascal Lamy, à la tête de l'Organisation Mondiale du Commerce depuis 2005.

Ce Fonds monétaire international, c'est l'organisme financier aux ordres des grandes puissances qui gère des prêts envers tous les pays du monde. Et surtout qui réclame le remboursement, et les intérêts, aux États pauvres en exigeant d'être payé à l'heure. Le FMI a recommandé à bien des États des mesures pour pouvoir payer leurs dettes : ces plans dits d'" ajustement structurel " pour faire payer les plus pauvres, en particulier en privatisant des services publics ou en déréglementant le travail. Oui, vraiment. Tout le monde est d'accord : Strauss-Kahn a les qualités requises pour diriger cette agence des grandes puissances impérialistes qui a multiplié les pires mauvais coups contre les peuples aux quatre coins de la planète !

Résumons : Royal a raté la présidence française, mais Sarkozy, bon prince, offre à Strauss-Kahn la présidence financière internationale... Ne reste plus qu'à convaincre son ami Bush. L'essentiel est de rester entre amis.

Sarkozy a au moins réussi une démonstration : les hommes et femmes de gouvernement de gauche et de droite sont tout à fait interchangeables, et en définitive mènent la même politique. Lui-même joue les petits Machiavel, et pour l'instant cela lui réussit. Mais il n'est fort que d'une opposition socialiste introuvable. Ses véritables adversaires sont ceux qu'il vise sans ronds de jambes par tout son train de mesures annoncées : le prétendu " service minimum " dans les transports, en fait une restriction du droit de grève ; les diminutions d'effectifs dans l'Éducation nationale ; le contrat unique qui signifierait une précarisation générale des salariés, la diminution des remboursements des dépenses de santé, la réforme des retraites, etc. La seule véritable opposition ne peut venir que des travailleurs en lutte. Et contre ceux-ci, le miel avec lequel il attrape les mouches, les lionceaux et les éléphants socialistes ne servira pas à grand-chose.

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