À Château-Thierry, depuis plus d'une année, la direction nous assure qu'elle tient à mettre en place un plan destiné à assurer l'avenir de l'usine. Notamment en lançant des produits bio qui se vendent très bien. À part quelques essais et une petite production, ce plan semblait resté dans les cartons. Quand nous intervenions pour lui demander de préciser les échéances pour ces nouvelles productions, la direction nous demandait de lui faire confiance et que tout se passerait bien.

Alors, lorsque le vendredi 29 juin un camarade de l'équipe d'après-midi rapporta l'information entendue à la radio selon laquelle Riboud, le PDG de Danone, envisageait de vendre toute la branche biscuit LU soit neuf usines, trois entrepôts et 3 000 ouvriers en France, nous sommes allés demander ce qu'il en était à la direction.

Celle-ci s'est déclarée surprise. Des racontars, disait-elle. Pourtant sur Internet et dans la presse, il se confirmait que Riboud vendait LU, sous prétexte que la biscuiterie n'était " plus au coeur de la stratégie bien-être et santé " de Danone. Mais la direction de Château-Thierry continuait de nier jusqu'au mardi 3 juillet, quand - renversement total de situation - le directeur convoqua les syndicats et annonça ce que nous savions depuis quatre jours : Riboud vendait LU au premier biscuitier mondial, le trust américain Kraft Foods.

Il s'est propulsé ensuite dans tous les ateliers et a tenu à nous assurer que son plan était encore d'actualité ! Pour nous, cette vente nous préoccupe beaucoup car nous savons que ce type d'opération financière s'accompagne de restructurations et que des licenciements voire des fermetures d'usines peuvent se produire.