Renault - Cléon (76) : La médaille a son revers.05/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2031.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault - Cléon (76) : La médaille a son revers.

Quelque 5 000 ouvriers et techniciens embauchés en contrat à durée indéterminée ainsi que plus de 400 intérimaires travaillent à l'usine Renault de Cléon, qui produit une grande partie des moteurs et des boîtes de vitesse du groupe. Si les conditions de travail se dégradent de façon constante, la productivité, elle, ne cesse d'augmenter. Aux dires de la direction, l'usine de Cléon serait paraît-il " une usine à vivre ", mais pas au point d'attirer les actionnaires du groupe, qui se contentent de rester au loin, laissant les travaux pénibles et les pressions de l'encadrement à ceux qui réalisent le profit... des autres.

Renault bat en effet des records à la Bourse. Il y a peu, l'action avait augmenté de 7 % en une journée, laissant pantois les salariés qui doivent attendre plusieurs années avant que leur salaire augmente d'un même montant. Le revers de cette faste médaille, ce sont les suppressions de postes, c'est-à-dire une même production qui doit se faire avec moins d'ouvriers. C'est aussi la chasse aux pauses et aux temps morts.

Au montage du premier moteur de l'alliance Renault-Nissan qui équipe aujourd'hui essentiellement la Laguna, les cadences viennent d'augmenter de plus de 30 %. La production est passée de 600 à 900 moteurs, ce qui a permis de supprimer l'équipe de nuit. Le chiffre de 900 moteurs est impossible à atteindre, alors pour ceux qui travaillent dans cet atelier cela devient de la folie.

À la pression du travail s'ajoute la pression des chefs. Tout est bon pour faire des discours aux ouvriers. Certains cadres ne manquent pas d'arguments pour que nous changions par exemple au dernier moment nos RTT. Une fois, c'est " les clients qui attendent ", une autre fois, c'est " Sandouville (une autre usine du groupe) qui risque de se retrouver au chômage "... À les entendre, ce serait la faute de ceux qui triment sur les chaînes si la production prend du retard, et pas celle de la direction qui pourtant m'embauche pas suffisamment.

Pour ceux qui travaillent en équipe, la direction a supprimé la pause repas et imposé le sandwich sur le pouce. Pour tenter de convaincre que ce choix est salutaire pour la santé, une campagne " régal " est organisée, afin de prouver qu'il existe des sandwiches aussi équilibrés qu'un véritable repas complet. Certains médecins du travail le confirment avec empressement, eux qui se considèrent parfois comme étant avant tout des cadres de l'entreprise.

Dans ces atmosphères " dures à vivre ", les travailleurs commencent un peu partout à gronder et il n'est pas dit qu'ils acceptent toujours d'être les éternels pressurés.

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