LU-Danone - Kraft Food : Le beurre avec l'argent des (petits) beurres.05/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2031.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LU-Danone - Kraft Food : Le beurre avec l'argent des (petits) beurres.

La direction du groupe Danone a confirmé mardi 3 juillet, lors d'une réunion du Comité d'entreprise de sa filiale LU, son intention de céder le secteur biscuits (biscuiterie et produits céréaliers) au trust américain Kraft Food, qui est le premier biscuitier mondial.

Kraft Food ne lésine pas et a proposé de mettre 5,3 milliards d'euros sur la table pour avancer à pas de géant sur le marché européen. Quant aux dirigeants de Danone, ils espèrent qu'avec ces importantes liquidités le secteur des produits laitiers et des boissons diverses, qu'ils jugent plus rentable, va pouvoir se développer, en premier lieu par le rachat de firmes concurrentes.

À ce jour, secret commercial exige, on n'en sait pas plus sur les projets précis des deux partenaires. Mais l'annonce de l'offre d'achat faite par Kraft Food, puis les propos de Franck Riboud, le PDG de Danone, qui l'ont confirmée, ont entraîné une hausse du cours des actions de Danone.

Néanmoins, le même Franck Riboud a quelque peu nuancé son optimisme sur les merveilleuses conséquences de l'opération qui devrait être finalisée d'ici la fin de l'année 2007, en évoquant sa crainte de possibles réactions négatives des salariés.

Danone-LU, c'est près de 15 000 salariés dans 38 usines de par le monde, dont 3 000 salariés pour les neuf usines et trois entrepôts existant en France. Or les dirigeants de LU-Danone savent bien que, si la biscuiterie est restée une activité rentable, convoitée par Kraft Food, c'est parce que depuis plusieurs dizaines d'années les dirigeants de LU produisent toujours davantage avec moins de personnel, parce qu'ils recourent au travail temporaire ; c'est parce que les salaires sont bas et que, sur les chaînes de production et de conditionnement, le rythme de travail est épuisant.

Franck Riboud a affirmé qu'il " n'a pas oublié l'émotion provoquée par le plan de restructuration de LU en France " en 2001, quand la fermeture des usines de Calais et de Ris-Orangis avait provoqué grèves et manifestations. Riboud voudrait donc neutraliser les travailleurs ; et il assure aujourd'hui que l'accord avec Kraft Food comportera une clause interdisant la fermeture de tout site... avant un délai de trois ans.

Mais trois ans, ce n'est rien, et d'ici là combien d'emplois disparaîtront, comme il en disparaît aujourd'hui sans cesse dans les usines LU ? Les propos de Riboud ne donnent aucune garantie aux travailleurs. Il veut tout simplement que l'affaire se conclue dans le calme. Quant aux pressions sur le personnel, elles vont continuer, avec le chantage à la fermeture de telle ou telle entreprise en cas de grèves ou de mouvements.

Un chantage auquel les salariés devront résister tous ensemble, pour ne pas perdre leur emploi et ne pas voir leur situation se dégrader.

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