Mardi 11 juillet, onze chauffeurs de la Connex Rhodalia (groupe Veolia) du dépôt de Saint-Fons en banlieue de Lyon, étaient convoqués individuellement pour entretien en vue de sanctions graves.

La centaine de conducteurs de bus du dépôt a en effet cessé le travail depuis le 18 juin, suite à une tentative d'incendie, samedi 16 juin, dans un bus de la ligne 101 (Lyon-Vienne via Givors-Grigny), invoquant leur droit de retrait.

Depuis des mois, ils avaient signalé à leur direction la nécessité et l'urgence de sécuriser les conducteurs et les usagers de cette ligne sur laquelle les incidents sont fréquents. Un bus avait déjà été totalement incendié en décembre.

Mais la situation n'est guère meilleure sur les autres lignes sous-traitées à la Connex par le Conseil général du Rhône et le Sytral, qui gère les TCL (transports en commun lyonnais). Sur les lignes de la grande banlieue sud-lyonnaise assurées par le dépôt de Saint-Fons, pratiquement tous les chauffeurs ont connu des incidents et des agressions.

C'est donc le ras-le-bol qui a fait arrêter le travail, et pas seulement en ce qui concerne la sécurité. Outre les incidents, les grévistes dénoncent la vétusté des bus : des portes qui ne ferment pas ou mal, des freins pas toujours efficaces, une chaleur intenable l'été en l'absence de climatisation, d'autant qu'il faut parfois faire fonctionner le chauffage pour refroidir le moteur, etc. Les bus sont tellement vieux que, pour les réparer, il faut prendre les pièces sur d'autres. Le dépôt de Saint-Fons, qui dessert des secteurs populaires, récupère les bus les plus vieux, et les chauffeurs sont encore plus mal payés que dans les autres dépôts : les salaires avoisinent les 1000 euros, parfois moins.

Suite au bus incendié en décembre, des caméras avaient été installées, mais on vient de découvrir qu'en fait une seule sur huit fonctionnait et que le dernier incident n'a donc pas été filmé. Pour répondre aux revendications, tout ce que la direction a proposé est de dévier la ligne 101 au niveau du secteur sensible de Grigny, ce qui pénalise les usagers, et de mettre des agents de sécurité certains jours et à certaines heures, alors que les bus circulent tous les jours et toute la journée. La direction refuse toute discussion et menace de sanctions graves les onze conducteurs convoqués, et peut-être d'autres encore.

Mais les chauffeurs ne se laissent pas intimider. Après le droit de retrait, ils ont déposé un préavis de grève qui a débuté le 2 juillet. Ils ne veulent pas reprendre sans que des mesures soient prises pour la sécurité car ils risquent, en plus, des représailles, un jeune ayant été condamné et quatre autres sont poursuivis. Ils veulent des bus en bon état et des salaires qui leur permettent de vivre. Ils s'adressent aussi à la Préfecture et au Conseil général, qui a sa part de responsabilité puisqu'il donne la concession à la Connex. Le groupe Veolia est richissime. Il a les moyens de répondre à toutes les revendications.