Chômage : Les statistiques passent, les chômeurs restent.05/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2031.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage : Les statistiques passent, les chômeurs restent.

La nouvelle ministre de l'Économie, Christine Lagarde, vient d'annoncer une baisse du taux de chômage, qui aurait reculé, fin mai, de 1,2 % par rapport à fin avril. Le taux s'établirait donc officiellement à 8,1 % de chômeurs, chiffre encore très important surtout pour qui fait partie des 8,1 %, c'est-à-dire des 1 987 000 chômeurs officiels.

Pour théâtraliser l'annonce, la ministre a brodé sur le thème du " plus faible taux de chômage depuis le début des années 1980 " et du " cap symbolique du passage sous la barre des 2 millions de demandeurs d'emploi ". La ministre affirmait renforcée sa " détermination à tendre vers le plein emploi ". Il est vrai que l'inverse eut peut-être surpris...

Comme une ombre au tableau, l'office statistique européen Eurostat a publié quelques jours plus tard un chiffre notablement supérieur : pour lui le taux du chômage en France est de 8,7 %, dépassant de 1,7 point le taux moyen de l'ensemble de la zone euro et de beaucoup plus celui des Pays-Bas (3,2 %).

Quant à l'enquête " emploi " de l'Insee, prévue initialement en mars mais qui faisait apparaître des chiffres de 9,4 à 9,8 % à la fin décembre 2006, elle a opportunément été reportée à l'automne prochain. La statistique présentée par le gouvernement ne peut donc convaincre que ses partisans, et encore, s'ils ne sont pas eux-mêmes confrontés au chômage dans leur entourage et s'ils n'y regardent pas de près.

Il suffit en effet d'ajouter aux chômeurs de " catégorie 1 " (immédiatement disponibles, cherchant un emploi à temps plein et à durée déterminée) les autres catégories (2 à 8), pour trouver une réalité de 2 578 700 chômeurs, soit 10,5 % et non plus 8,1. Ce chiffre inclut cette fois les travailleurs qui exercent une activité pendant moins de 78 heures mensuelles, ceux qui recherchent une activité temporaire ou à temps partiel, faute d'autre chose, les plus de 55 ans administrativement dispensés de recherche d'emploi, tous ceux qui ne sont pas " immédiatement disponibles " parce qu'en mission d'intérim, tous ceux - de plus en plus nombreux - qui ont été radiés, les centaines de milliers de jeunes non encore inscrits et les centaines de milliers de érémistes.

Il suffit en outre de signaler que, sur les trois millions et demi d'offres d'emplois déposées en 2006 à l'ANPE, les quatre cinquièmes étaient précaires, pour donner la mesure de l'évolution de l'emploi quand c'est le patronat qui dicte ses conditions.

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