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Dans le monde
Tchad : Grève dans la fonction publique
Le 2 mai dernier, l'Union des Syndicats du Tchad (UST), au nom d'une intersyndicale, a déclenché une grève des travailleurs du secteur public du pays. Dans un premier temps, ils ont observé une grève d'avertissement de deux semaines pour réclamer notamment une augmentation des salaires de 300 %, une revalorisation des retraites de 200 % et une hausse de 100 % du smic. Mais face à l'intransigeance et aux menaces du gouvernement, la grève a continué et s'est durcie.
Sur ce sujet, nous reproduisons des extraits de l'éditorial du mensuel trotskiste Le pouvoir aux travailleurs, édité par l'Union Africaine des Travailleurs Communistes et Internationalistes, daté du 19 juin.
Rappelons que, à l'arrivée du dictateur Hissen Habré au pouvoir en 1980, tous les salaires ont été divisés par deux sous prétexte qu'il n'y avait rien dans les caisses de l'État. Ceux qui lui ont succédé n'ont pas rétabli cette situation. Rappelons aussi que depuis des décennies les salaires n'ont pas bougé alors que l'inflation était galopante. À cela, il faut ajouter les conséquences dramatiques de la dévaluation de 50 % du franc CFA en 1994. Aujourd'hui, ce que gagnent les petits fonctionnaires, autour de 25 000 francs CFA (38 euros) - et les travailleurs du secteur privé encore moins - ne suffit plus depuis un certain temps à les faire vivre, eux et leur famille. Certains sont obligés de s'endetter auprès des commerçants, d'autres arrivent à tenir tant bien que mal, grâce au petit commerce tenu par leur femme. Dans le même temps, les dignitaires du régime et leurs familles vivent dans un luxe insolent grâce aux détournements des dividendes du pétrole et au pillage des caisses de l'État (...).
Les moyens financiers existent largement pour satisfaire les revendications des travailleurs. En effet, selon un rapport rendu officiel par la Banque des États de l'Afrique Centrale, (...) plus de 1 000 milliards de francs CFA ont été encaissés par le gouvernement de 2006 à 2007. À ce chiffre, il faut ajouter plus de 1,5 milliard de dollars, argent bloqué par la Banque Mondiale et réservé, au départ, " aux générations futures " tchadiennes. Mais les autorités, avides d'argent, ont réussi à débloquer ces fonds. Une partie de cette masse d'argent a servi et sert à acheter des quantités d'armes impressionnantes et à recruter des mercenaires pour combattre les rebelles hostiles au régime installés dans l'est du pays.
Les moyens ne manquent donc pas. Mais les autorités ont refusé, lors des négociations, de satisfaire les revendications légitimes des grévistes en les jugeant " excessives " et en prétendant le manque de " fonds nécessaires ".
Devant ce refus non justifié, la grève a repris de plus belle. Les bureaux, les écoles publiques demeurent toujours fermés ; le service minimum instauré au début de la grève à l'hôpital central de Ndjaména a été supprimé. Ndjaména et d'autres grandes villes du pays sont à nouveau paralysées. Devant cette radicalisation de la lutte, le gouvernement s'est empressé de décider unilatéralement une augmentation de 15 % des salaires et des retraites. (...)
Les travailleurs ont raison de continuer la grève. C'est le seul moyen pour obliger les autorités à céder, car l'augmentation qu'elles ont proposée est vraiment dérisoire.