Nice : Les " poubelliers " font grève et gagnent28/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2030.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nice : Les " poubelliers " font grève et gagnent

À Nice, après une grève de six jours, quarante-cinq éboueurs de Derichebourg obtiennent satisfaction.

Jusqu'au mois de décembre 2006, les éboueurs chargés des quartiers Nice-collines étaient employés par Veolia-propreté. Mais c'est une autre entreprise, Derichebourg-Polyurbaine, qui a obtenu le dernier appel d'offres. Elle fait partie du groupe Penauille, qui compte des milliers de salariés et dont les actionnaires ne sont pas sur la paille.

À l'occasion du changement de direction, à Nice, les " poubelliers " se sont aperçus que, sur leur feuille de paie, le compte n'y était pas. Certains d'entre eux étaient payés en dessous de la grille de salaires, les primes n'étaient pas payées et il manquait des primes de panier. La direction leur disait de patienter, que tout serait régularisé au plus tôt. Mais au contraire les primes disparaissaient de plus en plus, notamment la prime de qualité qui était supprimée, par exemple quand un salarié était surpris à porter un T-shirt non estampillé Derichebourg. Pourtant, avec seulement deux T-shirts par an, que les salariés doivent laver eux-mêmes, il n'est pas facile de toujours porter le T-shirt maison, propre et en bon état !

Bien qu'ils soient italiens, russes, guinéens, cap-verdiens ou turcs, tous ont compris qu'il manquait quelque chose sur leur feuille de paie et ils ont su s'entendre pour ne pas se laisser faire. En outre, les conditions de travail, déjà pas fameuses, s'aggravaient.

Le mécontentement couvait et c'est la direction qui a mis le feu aux poudres en sanctionnant plusieurs salariés, dont l'un pour avoir pris la parole au nom de ses camarades, lors d'une réunion dite " de prise de parole " par la direction elle-même !

Aussi, le vendredi 15 juin, les quarante-cinq chauffeurs et rippeurs (ceux qui vident les poubelles dans les camions) se sont mis en grève pour demander l'annulation des sanctions, l'amélioration de leurs conditions de travail et le rattrapage des salaires conformément à la convention collective. Ils étaient soutenus par des militants de l'Union locale CGT.

La seule chose que le patron proposait en réponse, c'était du savon et le nettoyage des douches deux fois par semaine. Ce qui ne faisait que renforcer la colère des travailleurs.

Les grévistes, pour la plupart des jeunes dont c'était le premier mouvement, ne manquaient ni d'énergie ni de détermination, face à un patron qui ne lésinait pas sur les moyens pour les impressionner. Comme, malgré la grève, des ordures continuaient d'être ramassées sur certains axes, ils ont cherché et trouvé que des camions de ramassage étaient dissimulés au dépôt d'une autre filiale, d'où ils sortaient conduits par des intérimaires. Quand le mardi 19 les grévistes sont venus garer leurs voitures devant ce dépôt, des individus, des " barbouzes ", comme ils les appelèrent, tentèrent de les intimider avec leurs lunettes de soleil, leurs gants de cuir noir et leurs poches trop gonflées pour être honnêtes. En vain, car avec les grévistes devant le portail, les intérimaires ne tenaient pas tant que cela à passer outre.

Finalement, devant la détermination des grévistes, le patron a dû céder. Le 21 juin, une réunion était convoquée en préfecture entre le patron et cinq salariés délégués par les grévistes, en présence d'un inspecteur du travail. Les salariés obtenaient l'annulation des sanctions, la promesse du respect de la convention collective, soit 3 % d'augmentation de salaire, et qu'à l'avenir les heures supplémentaires seraient payées et non récupérées. Ils obtenaient aussi des tenues de travail supplémentaires, la garantie que le ménage serait fait chaque jour dans les vestiaires, ainsi qu'une somme équivalant au paiement des heures de grève.

Ce patron arrogant a dû plier et, en dépit de l'obstacle de la langue, la solidarité qui a régné entre les travailleurs pendant tout le conflit a payé.

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