Irak : Quand l'armée U.S. fait de la pédagogie28/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2030.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Quand l'armée U.S. fait de la pédagogie

L'armée américaine aime que ses troupes jouent aux cartes. Au début de l'invasion de l'Irak, en 2003, les soldats US avaient reçu un jeu portant les portraits de 52 dirigeants irakiens " les plus recherchés ". Ils viennent d'en recevoir un nouveau, censé leur apprendre à respecter les sites archéologiques d'une région, la Mésopotamie, qui est un des berceaux de la civilisation.

En 2003, le jeu de cartes devait apprendre à chaque soldat américain à reconnaître les dignitaires du parti Baas ou de l'armée ennemie, que les États-Unis entendaient mettre hors d'état de nuire. Saddam Hussein, par exemple, était l'as de pique. Mais voilà qu'après quatre ans de guerre et d'occupation militaire, les dirigeants du Pentagone viennent de s'aviser que la région est riche en sites archéologiques. Ils déclarent : " Nous avons réalisé que nos soldats débarquaient dans les zones importantes, des endroits mentionnés dans la Bible. "

La découverte est tardive car, depuis le début de l'invasion, l'armée américaine a fait preuve d'un parfait mépris de la population comme des sites historiques de la Mésopotamie. Lors de l'invasion, les troupes américaines avaient endommagé ou laissé sans protection la plupart des sites archéologiques. Le musée national de Bagdad avait été pillé et des milliers d'objets volés. Les Marines ont même construit une piste d'atterrissage pour hélicoptères sur les ruines de la capitale antique de Babylone.

Outre ce jeu de cartes à vocation culturelle, les soldats américains en partance pour l'Irak sont désormais formés à la contre-guérilla dans une réplique d'un site archéologique irakien, où on leur enseigne ce qu'est une antiquité (" un objet laissé derrière eux par les peuples anciens "). Ils sont aussi invités à examiner le sol avant de le creuser et à ne pas remplir leurs sacs de sable contenant des morceaux de poterie. L'archéologue américaine à l'origine de ces initiatives rappelle toutefois que ces nouvelles consignes ne sont pas applicables quand les soldats sont sous les tirs des adversaires de l'occupation. On aura compris que l'armée US reste en guerre et ne se consacre pas à l'archéologie.

Si désormais les soldats sont incités à respecter les antiquités, on dira bien sûr qu'il y a du progrès. Il resterait à apprendre aux soldats américains à traiter dignement la population. Mais les stratèges du Pentagone n'en sont pas encore là. Pour les dirigeants de l'impérialisme, le sort des peuples qu'on écrase vaut encore moins qu'un tesson de poterie.

Partager