Faute de liquidités, rivières et canaux en piteux état28/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2030.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Faute de liquidités, rivières et canaux en piteux état

" Rivières cherchent propriétaires ", cet article paru le 25 juin dans La Croix a rappelé fort à propos ce qu'il en est des rivières et canaux dont le transfert de propriété de l'État aux collectivités locales a été prévu par la loi du 30 juillet 2003.

Ce transfert est censé s'effectuer sur la base du " volontariat ", mais il n'y a guère de " volontaires ". Et pour cause ! Les fleuves et canaux à grand gabarit, par où transite une partie du transport de marchandises et qui, eux, restent dans le giron de l'État, recueillent la plupart des investissements publics. En revanche, le réseau secondaire des cours d'eau, qui ne présente pas le même intérêt économique et commercial pour les grands groupes industriels, est délaissé et se dégrade sans cesse. Pour le remettre en (bon) état, il faudrait engager des dépenses faramineuses que l'État, premier responsable, refuse d'assumer, comme les collectivités régionales qui ne veulent pas se voir refiler cette " patate chaude ".

La Bretagne, qui veut acquérir la propriété de son réseau navigable, constituerait une exception. Depuis 1989, elle en assure la gestion et y a déjà dépensé deux fois plus que l'État. Mais, dans certains cas, l'effort exigé est bien plus énorme. Ainsi, 200 à 300 millions d'euros d'investissements seraient nécessaires pour le canal de Bourgogne, estime le conseil régional. Or l'établissement public Voies navigables de France (VNF) n'y consacre que 3,5 millions par an. Situation analogue pour le canal Rhin-Rhône en Alsace. VNF vient de signifier l'arrêt de travaux sur ce canal, car il les estime trop coûteux, tant que les collectivités locales ne s'engageront pas à en être de plus d'un million d'euros de leur poche - en fait, de celles des habitants de la région.

Car c'est cela le fond de l'affaire. L'État, qui n'a jamais assez d'argent pour arroser le patronat et les classes riches, se dégage de plus en plus de tout ce qui s'apparente à des missions de service public. Dans le cas présent, ce désengagement peut avoir des conséquences sur les inondations quand barrages et canaux, faute d'être consolidés, curés, en bref entretenus correctement, sont rendus incapables de jouer pleinement leur rôle.

Mais, visiblement, pour les pouvoirs publics c'est : après nous, le déluge !

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