Allemagne : Fin de gfrève amère à Deutsche Telekom28/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2030.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Fin de gfrève amère à Deutsche Telekom

En Allemagne, après environ six semaines de grève, les dirigeants de la fédération syndicale Ver.di ont arrêté la lutte engagée le 11 mai contre le projet de Deutsche Telekom (DT) de transférer 50 000 salariés des secteurs de services (centres d'appel, services techniques, etc.) dans des filiales et d'économiser au passage 900 millions d'euros sur leur dos. Pour justifier cela DT prétend que ses bénéfices sont en baisse, mais cela ne l'a pas empêché de distribuer, l'an passé, 3,2 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires, c'est-à-dire plus que toute autre entreprise en Allemagne !

Depuis plus d'une semaine il était clair que le syndicat, après avoir déclaré qu'il était prêt à faire grève pendant un an, cherchait à conclure un accord. En échange de la promesse qu'il n'y aura pas de licenciements secs d'ici 2012 - mais cela n'était pas l'objectif numéro un du patron - il a finalement accepté le 20 juin, sans demander le moins du monde l'avis des grévistes, que les salaires des travailleurs transférés à partir du 1er juillet dans trois nouvelles sociétés de service baissent, en trois étapes, de 6,5 % et que leur temps de travail passe de 34 à 38 heures. Quant aux nouveaux embauchés, ils verront leur rémunération chuter d'environ 30 %.

Contrairement à ce que prétend Ver.di, il ne s'agit pas d'un simple " compromis " mais d'un recul. Cela représente un encouragement à l'ensemble du patronat pour accentuer son offensive contre le monde du travail et les dirigeants syndicaux portent une lourde responsabilité dans cette affaire. Face à un patronat de combat, qui a cherché à briser la grève par tous les moyens (menaces de licenciement, prime aux non-grévistes, recours à des intérimaires pour remplacer des grévistes...), ils n'ont guère cherché à donner aux travailleurs une chance de l'emporter par une lutte offensive. Ils ont ainsi refusé de lier le combat d'Arcor, une autre entreprise de télécommunications, à celui de DT, en arrêtant la grève d'Arcor... la veille du début de celle de DT. Et dans un tract publié pour défendre un accord, à la suite duquel les travailleurs vont devoir travailler gratuitement quatre heures de plus, ils se contentent d'écrire que celui-ci " contient certes quelques éléments amers "... Les syndiqués doivent se prononcer lors d'un vote les 28 et 29 juin. Mais pour que l'accord soit repoussé, il faudrait que 75 % d'entre eux votent contre. Autant dire que, entre l'écoeurement des uns et la démoralisation des autres, il y a toutes les chances que la direction de Ver.di fasse avaliser sa signature.

Pourtant, des possibilités de solidarité existaient au sein de la population. Les sondages indiquaient que 75 % de celle-ci comprenait les raisons de la grève et, dans les entreprises, il était visible qu'elle bénéficiait de la sympathie de nombreux travailleurs. Dans ce contexte, organiser partout dans le pays la solidarité avec les grévistes, les aider à s'adresser aux usagers - qui vont aussi faire les frais de la restructuration en cours - aurait pu permettre de peser pour éviter une défaite dont les conséquences risquent d'être négatives pour l'ensemble des travailleurs. Mais au même moment bien des militants de gauche et d'extrême gauche se montraient plus préoccupés d'organiser les manifestations contre le sommet du G8 qui s'est tenu du 6 au 8 juin en Allemagne - sans évidemment perturber la réunion des chefs d'État - que de se mobiliser pour apporter un soutien concret à des travailleurs justement engagés dans une lutte contre une des conséquences concrètes de la " mondialisation capitaliste ".

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