Travailleurs sans papiers : Les négriers sont tolérés en France21/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2029.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Travailleurs sans papiers : Les négriers sont tolérés en France

Deux travailleurs maliens sont menacés d'expulsion. Leur entreprise les employait alors qu'ils avaient de faux papiers. Elle les avait envoyés rénover la résidence présidentielle de « la Lanterne », un pavillon de chasse proche des jardins du château de Versailles sur lequel les Sarkozy ont jeté leur dévolu. C'est là que les CRS chargés de filtrer les entrées les ont arrêtés, et aujourd'hui la préfecture voudrait les renvoyer au plus vite dans leur pays, avant que l'on en apprenne plus sur les conditions dans lesquelles ils étaient employés.

Sarkozy n'est donc pas le dernier à bénéficier indirectement du travail des sans-papiers, qui font partie, quoi qu'il en dise, de cette « France qui se lève tôt » pour gagner sa vie et nourrir une famille restée au pays. Mais avant tout, ce travail clandestin profite à une partie des patrons français qui font leurs profits en surexploitant ces sans-papiers auxquels les mesures répressives ne laissent guère de choix. Ainsi, dans les restaurants Buffalo Grill, les salariés aujourd'hui en grève devaient multiplier les heures supplémentaires non payées sous la menace d'une dénonciation à la police.

Chaque fois que des travailleurs ont réussi à s'organiser pour se défendre contre cet esclavage moderne, ils ont dénoncé les mêmes pratiques, que ce soit ceux de la blanchisserie Modeluxe dans l'Essonne, de Métal Couleur à Bonneuil dans le Val-de-Marne ou encore les salariés de ces abattoirs des environs de Rennes, qui sont venus rencontrer les grévistes de Buffalo Grill. Cette surexploitation est courante dans des secteurs comme les travaux publics, la confection, l'hôtellerie ou l'agriculture. Elle ne profite pas qu'à quelques petits patrons mais aussi aux grandes entreprises de ces secteurs. Des sans-papiers ont participé à la construction de la bibliothèque François-Mitterrand, du stade de France ou des lignes de métro Éole et Météor. Car les chantiers qui sont attribués à des grandes sociétés du bâtiment sont découpés en tranches et sous-traités à des filiales, qui les sous-traitent ensuite en cascade à des entreprises, qui n'hésitent pas à employer des sans-papiers. Au bout du compte les mastodontes du secteur empochent des bénéfices, et en cas de contrôle seul le dernier sous-traitant est inquiété, et encore si peu ! Il lui suffit de dire que sa bonne foi a été abusée. En définitive, le seul qui trinque vraiment en cas de contrôle, c'est le travailleur.

En traquant les immigrés comme il l'a fait ces dernières années, Sarkozy n'a fait que les livrer encore plus à la merci de leurs exploiteurs. Les grèves qui ont lieu aujourd'hui contre cet esclavage contemporain, et proche de nous, montrent bien que pour éviter ces pratiques, il faut commencer par régulariser tous les sans- papiers.

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