SSII - Rennes : Technologies de pointe et précarité massive21/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2029.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SSII - Rennes : Technologies de pointe et précarité massive

Le quotidien Ouest-France a récemment fait de la publicité autour d'annonces d'embauches importantes dans le secteur des sociétés de services en ingénierie informatique (SSII). Sur Rennes, 900 embauches seraient prévues d'ici la fin de l'année, et « compenseraient » ainsi les suppressions d'emplois prévues chez Alcatel-Lucent.

En effet, les SSII fleurissent aux côtés des grosses entreprises. Par exemple, à Rennes, plus de 350 salariés de ces entreprises travaillent en sous-traitance dans les mêmes bâtiments que les 600 salariés de Equant, une filiale de France Télécom. De même à France Télécom R&D, la branche « recherche » de France Télécom, on estime à plus de 200 le nombre de ces prestataires, pour environ 500 salariés embauchés directement. Et cela sans compter ceux qui restent dans leurs entreprises mais ne travaillent que pour le compte du groupe France Télécom !

Les SSII ont commencé à se développer il y a dix ans, avec l'essor des technologies de l'informatique, et emploient des techniciens et des ingénieurs dans le secteur de l'informatique et des télécommunications. C'était, au début, une opportunité pour les jeunes diplômés d'améliorer leur formation, par un travail plutôt bien payé et à travers plusieurs contrats de mission en sous-traitance dans des entreprises différentes. Mais aujourd'hui, les annonces enthousiastes cachent une réalité bien différente.

Ces sociétés, qu'elles soient de petites entreprises ou bien de grands groupes comme Atos ou Cap Gemini, ne sont maintenant rien d'autre que des réservoirs de main-d'oeuvre précaire à la disposition des grandes entreprises de la région. Les salariés de ces SSII sont les premiers touchés à chaque vague de suppressions d'emplois chez leur employeur du moment, à qui il suffit de ne pas renouveler leur contrat de mission pour les renvoyer. La durée moyenne de chaque contrat est d'ailleurs de plus en plus courte. Elle est passée de un à deux ans il y a cinq ans à trois mois aujourd'hui chez France Télécom. Mais ces contrats peuvent être renouvelés ou interrompus à l'infini ! Pour le salarié, chaque fin de contrat de mission est un problème, et, dans les petites SSII, c'est bien souvent le chômage qui se profile si aucun contrat n'est retrouvé rapidement.

À cette précarité s'ajoutent des conditions de travail quasiment toujours inférieures à celles des employés des grandes entreprises utilisatrices. Cela est vrai aussi bien en matière de rémunération que de congés par exemple. Quand les salariés des deux statuts travaillent dans les mêmes locaux, comme c'est bien souvent le cas, les patrons ne se gênent pas pour tenter d'opposer les uns aux autres et tirer les conditions de travail de tout le monde vers le bas. Les patrons des entreprises utilisatrices font également miroiter la perspective d'une embauche en CDI pour se donner un moyen de pression supplémentaire sur ces salariés.

Ainsi, contrairement à ce que nous racontent les politiciens de tous bords qui ne jurent que par la formation, non seulement la précarité existe pour la main-d'oeuvre qualifiée, mais elle se développe.

Reste à souhaiter que se développe également la conscience que, ouvrier ou ingénieur, tous font partie d'un même camp et ont les mêmes intérêts contre les patrons.

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