Petits et gros mensonges électoraux21/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2029.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Petits et gros mensonges électoraux

Dans leur compétition dans le cadre des élections législatives, aussi bien la droite que la gauche, c'est-à-dire l'UMP et le Parti Socialiste, ont utilisé exactement les mêmes arguments.

Le Parti Socialiste implorait les électeurs de lui donner un maximum de députés en affirmant qu'il fallait un nombre suffisant de députés, même minoritaires, pour pouvoir peser sur le pouvoir quasi discrétionnaire de la droite. Les électeurs l'ont écouté et lui ont donné en grande partie ce qu'il demandait.

Mais c'était évidemment un énorme mensonge car, dans la Constitution actuelle, celle que de Gaulle a fait approuver par référendum en 1958, la minorité n'a strictement aucun pouvoir. Si l'on n'est pas majoritaire à la Chambre des députés, on ne peut rien décider puisque tout se décide à la majorité des députés et que les grands partis, comme l'UMP, obéissent à une discipline qui les fait voter, comme un seul homme, tout ce que le gouvernement propose. Il y a parfois des désaccords, exprimés par eux parce qu'ils ont besoin de faire une certaine démagogie vis-à-vis de ceux qui les ont élus. C'est souvent le cas lorsque le gouvernement veut appliquer des impératifs européens et que cela gêne certains agriculteurs ou certains pêcheurs, voire certains petits industriels. Il faut bien que les députés du coin protestent un peu ! Cependant, finalement, ils votent ce qu'on leur demande de voter.

Le PS a menti à ses électeurs en disant que plus les députés du PS seront nombreux, plus ils pourront peser sur la majorité. Le règlement de l'Assemblée prévoit qu'avec vingt députés on peut constituer un groupe parlementaire et qu'à ce titre on peut intervenir, déposer des amendements, voire des projets de lois, mais qui sont immanquablement rejetés par la majorité.

Même la droite a utilisé un argument voisin. L'UMP a demandé à l'électorat de droite de donner la plus forte majorité possible à Sarkozy, au gouvernement qu'il a choisi, pour paraît-il qu'il puisse sans problème tenir les promesses qu'il a faites durant la campagne des présidentielles. Cela est un tout aussi gros mensonge que les propos du Parti Socialiste. En effet, il suffit d'avoir ne serait-ce qu'une voix de majorité à l'Assemblée pour faire voter tout ce que le gouvernement veut. Il y a même une assurance contre absentéisme puisque les députés présents peuvent voter pour les absents et qu'on a vu des lois votées lorsque les bancs de l'Assemblée étaient quasiment vides. Il y a aussi une assurance décès puisque, si un député décède, il est immédiatement remplacé par son suppléant sans qu'il y ait d'autre élection. Il n'y a que dans le cas exceptionnel où un député doit laisser son siège à son suppléant, lorsqu'il est ministre par exemple, que cela fait une voix en moins à l'Assemblée si le suppléant décède à ce moment- là. Mais parmi les projets de Sarkozy, il y a celui de ré-offrir à un ministre déchu son siège de député à la place du suppléant.

À menteur, menteur et demi ! Mais le plus menteur, peut-être, est l'ancien ministre socialiste Strauss-Kahn, qui affirme que c'est en quelque sorte grâce aux députés socialistes, minoritaires dans la dernière Assemblée, que la loi sur le contrat première embauche (CPE) a été abandonnée, et cela alors que des milliers d'étudiants savent que c'est par leur lutte qu'il l'a été. On peut d'ailleurs se demander pourquoi les députés du Parti Socialiste n'ont pas joué le même rôle lors du vote du contrat nouvelles embauches qui intervint quelque temps auparavant et qui touche potentiellement bien plus de salariés que le CPE n'en aurait touché.

Mais à répéter un mensonge comme le fait Strauss-Kahn, cela peut parfois devenir une vérité dans l'esprit d'un grand nombre de gens. C'est sur cela qu'il compte. Cela nous donne une idée de la fiabilité et de la sincérité de tous ces gens-là, de droite comme de gauche.

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