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Leur société
Le gouvernement Fillon 2 : Les pare-feu de Sarkozy
La composition du second gouvernement Fillon évoque à première vue un inventaire à la Prévert. Qu'on en juge : des personnalités de droite issues de l'UMP ; d'autres venant de l'UDF, tel Santini ; du PS, tel Bockel ; d'autres encore venant de la « société civile », formule alambiquée pour signifier qu'elles ne faisaient pas partie du vivier politicien, telle Fadela Amara, curieusement associée à Christine Boutin.
Que cela relève de l'effet d'affichage, comme nombre de commentateurs l'ont dit, c'est incontestable. Mais c'est le cas de toutes les combinaisons gouvernementales qui sont le résultat de subtils dosages destinés à satisfaire telle ou telle coterie, à adresser des signes à telle ou telle catégorie sociale bien plus qu'à choisir selon les compétences des individus. À cela s'ajoute, cette fois, dans les calculs de Sarkozy, une volonté manifeste de mettre dans l'embarras ses rivaux du Parti Socialiste. Et il y a réussi, avec d'autant plus de facilité qu'il y avait dans le camp des socialistes des hommes pour qui les attaches avec ce parti étaient bien moins fortes que leurs ambitions. Mais ce type de situation n'est pas exceptionnel. Des hommes qui passent de la gauche à la droite, du jour au lendemain, aussi facilement, cela s'est déjà vu, tout comme des politiciens qui ont fait le parcours inverse.
Mais le calcul de Sarkozy se réduit-il à la seule volonté de faire un coup ? Se limite-t-il au seul effet d'affichage ? Pas sûr ! Le choix de cette équipe gouvernementale, au-delà des commentaires anecdotiques qu'il a suscités, montre qu'il n'est pas si assuré qu'on le dit pour affronter la période à venir. Après les rodomontades de la campagne électorale, destinées à séduire l'électorat d'extrême droite, Sarkozy cherche à se donner une image plus consensuelle ; pour mener la même politique, certes, mais avec prudence.
On a beau dire que la droite a en main tous les pouvoirs, cela n'est vrai qu'au plan institutionnel. Pour imposer les « réformes » qu'il a promis de réaliser, il sait qu'une majorité parlementaire ne suffit pas toujours. Preuve en est le CPE sur lequel Villepin s'est cassé les dents. Et le choix de son équipe gouvernementale traduit, de sa part, la conscience que tout n'est pas forcement gagné pour lui. Les réactions du monde du travail, par exemple, que sa politique ne manquera pas de provoquer constituent sans doute une de ses craintes et peuvent expliquer sa prudence et les précautions qu'il prend.