La gauche prétend que la résistance passe par l'Assemblée, qu'elle le montre donc !21/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2029.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La gauche prétend que la résistance passe par l'Assemblée, qu'elle le montre donc !

À l'issue du deuxième tour des élections législatives, l'UMP, le parti de Sarkozy, dispose à lui seul de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Sans même compter les députés centristes qui ont abandonné leur chef de file Bayrou pour assurer leur réélection en ralliant Sarkozy. Le président de la République dispose donc d'une majorité plus que confortable pour mettre en pratique la politique qu'il a annoncée. Une politique faite d'attaques contre le niveau de vie des classes populaires et leurs conditions d'existence et de travail.

Mais, contrairement aux prévisions des sondages, repris et répercutés entre les deux tours aussi bien par les dirigeants de la droite pour triompher que par les dirigeants de la gauche pour mobiliser leur électorat, il n'y a pas eu un « tsunami » en faveur de la droite, et la gauche s'en tire finalement mieux que ce que ses dirigeants eux-mêmes escomptaient.

Le PS augmente même d'une soixantaine le nombre de ses députés. L'opposition de gauche, PC et Verts compris, est plus nombreuse dans cette assemblée qu'elle ne l'était dans la précédente.

Le principal argument du PS lors de ces élections législatives, repris à son compte par le PC, a été de demander aux électeurs de lui donner assez de députés pour que l'opposition à la Chambre puisse constituer un contre-pouvoir à Sarkozy.

Eh bien, le PS a obtenu ce qu'il demandait ! Ses dirigeants se glorifient d'avoir endigué la vague bleue annoncée. Et cerise sur le gâteau : la défaite d'Alain Juppé, numéro deux du gouvernement, qui, après son échec à Bordeaux, a annoncé sa démission de celui-ci ! Il suffisait de voir la mine réjouie des dirigeants socialistes, le soir des élections, en particulier de ceux qu'on donnait perdants et qui finalement sauvent leur siège, pour y lire que ce deuxième tour constitue une heureuse surprise pour le PS.

Le PC, lui, se flatte d'avoir conservé 18 députés, bien loin de la chute calamiteuse prédite entre les deux tours.

Malgré la majorité conservée par la droite, la gauche est, en somme, contente.

Mais en sera-t-il de même pour les classes populaires ? Le PS dispose du groupe parlementaire conséquent qu'il demandait à son électorat de lui accorder. Qu'il montre donc en quoi une forte proportion de députés de gauche sera un moyen de résister aux mauvais coups qui s'annoncent ! Qu'il montre donc quelles sont les mesures préjudiciables aux intérêts des classes populaires qu'il est capable d'empêcher !

Il serait cependant hasardeux pour les travailleurs de ne compter, face aux attaques annoncées par le gouvernement, que sur l'opposition de gauche à l'Assemblée.

Mais le sursaut de l'électorat populaire entre les deux tours est l'indice qu'il n'est pas dupe des rodomontades de Sarkozy. Celui-ci comme ses ministres ont beau prétendre cyniquement que l'élection présidentielle leur a donné un chèque en blanc pour les mesures antiouvrières, celles annoncées pendant la campagne, voire celles sorties du chapeau après le premier tour, comme la hausse de la TVA, cela ne passe pas.

La véritable opposition dont Sarkozy et les siens ont toutes les raisons de s'inquiéter ne réside pas dans le plus grand nombre de députés obtenus par la gauche. D'après l'arithmétique parlementaire, Sarkozy dispose d'une majorité pour faire passer les lois qu'il veut. La véritable opposition menace de venir du pays lui-même, de ses classes populaires.

Ce que la majorité de droite a à redouter et, derrière elle, le grand patronat, c'est que l'opposition ne se limite pas à l'hémicycle de l'Assemblée nationale et à ses couloirs. C'est que le monde du travail exprime qu'il n'acceptera pas éternellement de voir son pouvoir d'achat baisser, les licenciements se multiplier et la pauvreté se généraliser. Et qu'il l'exprime par les moyens qui sont les siens, par la grève, par des manifestations, par une explosion sociale assez puissante et déterminée pour que le patronat craigne pour ses profits et pour ses capitaux.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 18 juin

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