Vallée du Gier (Loire) : Ramassage des déchets... ou des profits ?13/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2028.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vallée du Gier (Loire) : Ramassage des déchets... ou des profits ?

Pendant presque tout le mois de mai, les rues des villes et villages de la vallée du Gier, depuis Saint-Étienne jusqu'à Rive-de-Gier, en direction de Lyon, étaient envahies par les conteneurs d'ordures remplis à ras bord et par les sacs bleus et jaunes du tri sélectif. Était-ce une grève ? Pas du tout. La société Sita-Mos, filiale de Suez, nouvelle délégataire choisie pour cette tâche par la communauté d'agglomération Saint-Étienne Métropole, n'arrivait pas à faire face à la situation.

Cette société ayant été choisie dans le cadre d'un appel d'offres, on aurait pu penser qu'elle avait tout prévu pour assumer les 70 circuits desservant les 80 000 habitants concernés. Sauf qu'elle n'avait ni le personnel, ni les camions-bennes, ni même un site sur la vallée du Gier, où elle devait exercer. Elle a donc récupéré au pied levé des véhicules provenant d'autres filiales du groupe Suez, embauché et formé du personnel en catastrophe. La dégradation de la situation a tout de suite suivi.

Ces perturbations et inconvénients ont bien sûr provoqué des réactions des habitants, dont de nombreux coups de téléphone aux mairies. Les maires ont dû monter au créneau, pour demander des explications auprès de Saint-Étienne Métropole.

Les dirigeants de celle-ci avaient été assez discrets sur ce changement de délégataire de service public, tant du côté de la majorité de droite, qui assume la présidence de cette collectivité, que du côté de la gauche, à laquelle appartient le vice-président responsable du ramassage des déchets.

Au Conseil municipal de Saint-Chamond, une des villes concernées par le problème, suite à une question du conseiller de Lutte Ouvrière, le maire, membre de l'UMP et premier vice-président de Saint-Étienne Métropole, a dû s'expliquer. Pour ne pas tenter de justifier l'injustifiable, lui et son adjoint à l'environnement se sont démarqués des décisions de leurs amis en les qualifiant de " malheureuses ". Il a reconnu que, même si la situation s'améliore lentement, de toute façon les habitants n'auraient pas les mêmes services qu'avant, tant du côté du ramassage des ordures que du tri sélectif.

De plus en plus, nombre de collectivités locales, aussi bien de droite que de gauche, délèguent des services publics à des sociétés privées comme Veolia ou Suez. Celles-ci se partagent les marchés juteux de la distribution de l'eau, de son assainissement, de la collecte des déchets et du tri sélectif. On voit ici, en petit mais bien clairement, les résultats de ces choix politiques et sociaux : les usagers ont bien été " pris en otage ", selon l'expression consacrée par les pourfendeurs du droit de grève, mais par une société privée qui ne se soucie guère de faire face à ses obligations.

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