Liberia - Procès de l'ex-président Charles Taylor : Un dictateur sanguinaire... soutenu par l'impérialisme13/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2028.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Liberia - Procès de l'ex-président Charles Taylor : Un dictateur sanguinaire... soutenu par l'impérialisme

Le 4 juin s'est ouvert devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) le procès de l'ex-dictateur du Liberia Charles Taylor, accusé de crimes de guerre, crimes contre l'humanité, en particulier viols, meurtres, enrôlement forcé d'enfants soldats et pillages. Ces accusations reposent sur son rôle dans les atrocités commises durant la guerre civile sierra-léonaise qui fit près de 400 000 morts.

L'itinéraire de Charles Taylor est celui d'un homme de main de l'impérialisme. Lorsqu'il déclencha la guérilla en 1989 au Liberia pour renverser le régime de Samuel Doe, il trouva l'aide logistique de la Guinée et de la Côte-d'Ivoire voisines, aide qui ne pouvait s'obtenir qu'avec l'accord de l'impérialisme français, qui voyait là un moyen de mettre un pied dans la région.

La guerre civile qu'il déclencha pour se hisser au pouvoir opposa différentes bandes armées, qui se partageaient le territoire et les richesses naturelles qui allaient avec, ce qui eut des conséquences terribles pour la population. Ces bandes armées, formées sur des bases ethniques, mutilèrent, violèrent, massacrèrent. 200 000 morts furent recensés au Liberia sur une population de 3 millions d'habitants. La guerre s'étendit en 1991 à la Sierra Leone, pays voisin regorgeant entre autres de diamants. Et durant les dix années d'horreurs qui suivirent pour la population de ce pays, les différents camps impérialistes armèrent chacun en sous-main leurs " favoris ", parmi ces bandes armées.

En 1997, Taylor devint président du Liberia, aidé en cela par les impérialismes américain et français, entre autres, qui avaient fermé les yeux sur ses crimes. Ils furent bien entendu " récompensés ". Le dictateur du Liberia déclarait par exemple en 1998 : " Les hommes d'affaires français (...) ont pris des risques. Ce qui explique qu'ils aient aujourd'hui (au Liberia) une longueur d'avance. " Et effectivement, quelques mois plus tôt, le groupe Bolloré rachetait une plantation de 150 000 hectares d'hévéas contrôlée par Taylor durant la guerre civile. D'après François-Xavier Verschave, auteur d'un livre intitulé Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ? : " Vendue sur le marché parallèle, la récolte de caoutchouc contribua à l'effort de guerre, tout comme la vente du bois exotique cédé en grande partie à des négociants français ".

Si Taylor dut finalement abandonner le pouvoir en 2003, ce ne fut pas sans demander et obtenir des garanties pour son " avenir ". Il vécut un exil paisible dans une station balnéaire du Nigeria. Malgré tout, trois ans plus tard, il fut extradé.

Le secrétaire général des Nations unie Ban Ki-Moon s'est félicité à plusieurs reprises de l'ouverture du procès de Taylor. Belle hypocrisie ! Un tel procès a surtout pour but de faire oublier les responsabilités des grandes puissances, qui ainsi se donnent bonne conscience à bon compte. Leurs représentants seront absents du banc des accusés, tout comme les marchands d'armes, les multinationales qui profitèrent, et profitent encore, des diamants, du bois précieux, du caoutchouc, des minerais, et autres richesses du Liberia.

Aline RETESSE.

Historiquement, le Liberia appartient à la zone d'influence des USA. La plupart de ses ressources - hévéas, minerai de fer - furent exploitées par des trusts américains. Ainsi l'entreprise américaine Firestone signa avec ce petit État une concession en 1926, lui accordant des centaines de milliers d'hectares de plantations d'hévéas, concession renouvelée en 2005, pour dix-sept ans, " en compensation des années perdues pendant la guerre civile ". Un argument particulièrement cynique quand on connaît le rôle joué par l'impérialisme dans celle-ci.

L'impérialisme français y est aussi présent, avec des multinationales comme celle de Vincent Bolloré. Durant la guerre civile, les affaires continuèrent comme si de rien n'était. En 2003, année où Taylor fut chassé du pouvoir, il était encore invité au sommet France-Afrique à Paris.

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