Le premier tour des élections législatives : Un résultat sans surprise13/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2028.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le premier tour des élections législatives : Un résultat sans surprise

Au soir du premier tour de l'élection présidentielle, tous les représentants des grands partis politiques de droite et de gauche se félicitaient du taux élevé de la participation : près de 84 % des électeurs inscrits s'étaient rendus aux urnes. Ils y voyaient la preuve que les citoyens se passionnaient de nouveau pour la vie politique, et une " victoire de la démocratie ".

Au soir du premier tour des élections législatives, les mêmes devaient constater qu'avec près de 40 % d'abstentions, le record dans ce type d'élections depuis les débuts de la Ve République était largement battu. Mais très vite les commentateurs cessèrent de s'interroger sur ce résultat qui ridiculisait les propos qu'ils avaient tenus sept semaines auparavant, pour ne plus parler que de l'importance de la " déferlante bleue ", du succès de l'UMP.

Cette abstention record n'aurait pourtant dû surprendre personne. Beaucoup d'électeurs ont considéré que les jeux étaient faits depuis le 6 mai. Depuis la modification du calendrier électoral par le gouvernement du socialiste Jospin, qui place les élections législatives immédiatement après la présidentielle, le parti qui a gagné la présidentielle est assuré de ce fait d'une victoire aux législatives, comme l'ont montré les exemples de 1981, 1988 et 2002. Du coup, ces élections, destinées à élire un Parlement sans grand pouvoir, deviennent une formalité qui n'a aucune raison de passionner l'opinion.

En nombre de voix, l'UMP et ses alliés se réclamant de la majorité présidentielle n'ont pourtant pas obtenu la majorité des suffrages (41,91 % des voix). Et cela bien que la pompe à aspirer les suffrages lepénistes ait continué à fonctionner (encore qu'il soit difficile de savoir quelle fraction de l'électorat du Front National a voté pour l'UMP, et quelle fraction s'est abstenue). Mais si l'UMP et ses alliés n'atteignent pas la majorité absolue des voix, la loi électorale aidant, ils sont d'ores et déjà pratiquement assurés d'occuper les trois quarts des sièges de l'Assemblée nationale.

L'opération lancée par Bayrou avec son MoDem s'est aussi enlisée dans ce bourbier électoral. Les 18,57 % des voix obtenus par Bayrou à la présidentielle se sont mués en un 7,61 % le 10 juin, lui retirant tout espoir de constituer un groupe parlementaire de droite concurrent à l'UMP, et peut-être même d'être représenté à la Chambre des députés, en dehors de son cas personnel, puisqu'il bénéficiera d'une " non-concurrence " de l'UMP.

Le Parti Socialiste de son côté n'a pas réussi à conserver son électorat du premier tour de la présidentielle, ni en voix, ce qui est logique du fait de l'importance de l'abstention, ni même en pourcentage (24,73 % contre 25,87). Et il va payer au deuxième tour le fait qu'il ne pourra guère compter sur l'apport des voix de ses alliés, bien que le Parti Communiste se soit finalement mieux tiré d'affaire que ce qu'envisageaient les pronostiqueurs. Il ne pourra certes pas constituer un groupe parlementaire mais, grâce à des personnalités connues, à son implantation locale, il comptera plus de députés que les Verts, qui ne peuvent espérer qu'un nombre très réduit de sièges. Mais le résultat du PCF à l'échelon national, avec ses 4,25 %, s'il est bien meilleur que celui de Marie-George Buffet à la présidentielle, est insuffisant pour permettre d'obtenir au deuxième tour de nombreux élus parmi les candidats en ballottage.

Sarkozy est donc assuré, dès avant le deuxième tour, de disposer d'une majorité à sa botte, qui votera sans rechigner (du moins au début, tant qu'aucune agitation sociale ne viendra troubler le paysage politique) tout ce qu'il voudra, toutes les prétendues " réformes ", destinées à s'attaquer au monde du travail. Mais c'est justement sur le terrain social qu'il risque de rencontrer des problèmes, car si le chômage, les désillusions apportées par les gouvernements de gauche, le résultat des dernières élections, l'absence de perspectives offertes par les directions syndicales, ont démoralisé la classe ouvrière, les forces de celle-ci sont intactes.

Et ceux qui prétendent que le pouvoir réside uniquement dans les urnes pourraient bien s'apercevoir un jour prochain que les luttes ouvrières et que les grèves peuvent faire bien plus que les bulletins de vote.

François DUBURG

Les résultats de Lutte Ouvrière

Lutte Ouvrière présentait des candidats dans presque toutes les circonscriptions de la métropole, ainsi qu'à la Réunion, en Martinique, en Guadeloupe (avec, dans ces deux dernières, Combat Ouvrier).

Nous avions prévu, bien avant le résultat de l'élection présidentielle, que la campagne menée par le Parti Socialiste en faveur d'un vote prétendument " utile " jouerait fortement en notre défaveur. Et dans ces élections législatives organisées dans la foulée de la présidentielle il aurait été stupide d'espérer un meilleur résultat.

Les 563 candidates et candidats de Lutte Ouvrière se présentaient pour avoir l'occasion d'exposer largement le programme de défense des travailleurs, qu'il nous paraît indispensable de populariser, dans la perspectives des luttes sociales à venir.

De ce point de vue, les 218 264 électeurs (0,86 %) qui, en votant pour nos candidats, se sont reconnus dans ce programme, ne sont pas négligeables.

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