Se servir de son bulletin de vote pour dire ce que l'on pense08/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2027.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Se servir de son bulletin de vote pour dire ce que l'on pense

Ministre de la Santé dans le gouvernement Sarkozy-Fillon, Roselyne Bachelot a annoncé que le déficit de la Sécurité sociale serait plus élevé que prévu, et a confirmé la création de nouvelles " franchises ", c'est-à-dire d'une diminution des remboursements qui empêchera un peu plus les plus pauvres d'accéder aux soins qui leur seraient nécessaires. Dans le même temps, Sarkozy a confirmé les cadeaux fiscaux qu'il entendait faire aux plus aisés, car pour cela l'État n'a pas de problèmes d'argent.

Cela donne le ton de la politique que mènera le gouvernement après les élections législatives, quand il n'aura même plus à se soucier de ce que pense la fraction de l'électorat populaire qui s'est laissé séduire par la démagogie sécuritaire, nationaliste, anti-immigrés et antichômeurs de Sarkozy.

De son côté le Parti Socialiste prétend qu'il lui faut le plus grand nombre possible de députés pour constituer un contre-pouvoir face à l'UMP, et il le clame d'autant plus fort que les sondages pronostiquent une victoire écrasante de la droite. Les sondages ne valent que ce qu'ils valent, mais une telle hypothèse est dans la logique des choses, les élections législatives se déroulant dans la foulée de l'élection présidentielle. C'est d'ailleurs le Parti Socialiste qui est responsable de cet état de choses, ce calendrier électoral ayant été décidé par le gouvernement socialiste de Jospin.

Mais quand le Parti Socialiste affirme que plus il aura de députés, plus il pourra s'opposer à la politique de Sarkozy, c'est un mensonge éhonté, et une récidive du chantage au vote utile qu'il avait déjà utilisé pour la présidentielle. Demain, qu'il y ait 50 ou 200 députés socialistes à la Chambre ne ferait aucune différence. Même s'ils le voulaient, les députés socialistes n'auraient aucun moyen de s'opposer aux décisions du gouvernement, qui disposera du soutien inconditionnel de la majorité UMP. Et il n'est même pas sûr qu'ils le voudraient, le programme du PS ne différant pas sur certaines questions de celui de la droite.

Non, si le Parti Socialiste utilise ce chantage au vote utile, s'il tient à avoir le plus grand nombre de députés possible, c'est que toute son existence repose sur le nombre de ses élus, d'abord au Parlement, mais aussi dans les Conseils régionaux, les Conseils généraux, les municipalités des grandes villes. Cette présence lui permet de nouer toutes sortes de relations avec les possédants, au niveau local comme au niveau national, car il y a longtemps que le Parti Socialiste a renoncé à transformer la société et n'a comme seul but que d'être admis à gérer les affaires de la bourgeoisie.

Aucun résultat électoral ne pourra empêcher Sarkozy d'accentuer la politique de régression sociale qui est menée depuis des années. La seule chose qui puisse y mettre un coup d'arrêt, c'est une réaction du monde du travail. Mais il n'y a pas de raison d'être démoralisé. Les forces de la classe ouvrière sont intactes. Ce qui lui manque, c'est la conviction qu'elle peut par la lutte, par les grèves, contraindre le gouvernement à mettre au rencart ses menaces sur le droit de grève, sur le démantèlement du code du travail, sa politique de généralisation de la précarité.

Beaucoup de travailleurs ne croient pas que cela soit possible. Eh bien, il faut montrer aux pessimistes qu'ils ont tort, qu'une fraction de la classe ouvrière ne s'est pas résignée à subir sans réagir de nouvelles attaques de la part du patronat et du gouvernement. Et la seule manière de le faire c'est de voter pour les candidats de Lutte Ouvrière, qui sont tous des travailleurs, et qui seront au premier rang, aux côtés de l'ensemble des travailleurs, dans les luttes à venir.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 4 juin

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