Un rapport sur les relations entre la police et la population dans des communes de Seine-Saint-Denis, émanant d'un institut qui dépend du ministère de l'Intérieur, déclare qu'il existe " un climat d'insécurité permanent entre la police et les habitants des quartiers sensibles " et que " les relations actuelles entre la police nationale et la population sont difficiles et empreintes de tensions évidentes ".

Quelle révélation ! Il faut être sourd et aveugle ou n'avoir jamais mis les pieds dans certaines cités de banlieue, pour ne pas savoir, comme l'affirme par ailleurs ledit rapport, qu'il existe " une dégradation, voire parfois une césure dans les relations entre la police et la population ".

C'est quotidiennement que des policiers interviennent dans des cités à la manière de rambos, flash-balls à la main et injures à la bouche. Le journal Le Parisien faisait état, le 4 juin, d'une telle intervention dans une cité de Rosny-sous-Bois. Après qu'un habitant eut appelé la police parce qu'un gamin était grimpé sur son véhicule, trois voitures de police sont arrivées. Une dizaine d'enfants de 8 à 17 ans ont été alignés contre le mur par des policiers armés de flash-balls. Neuf ont été embarqués au commissariat, malgré les protestations des adultes présents, et ce n'est que tard dans la soirée qu'ils ont été libérés, après que leurs parents sont venus les récupérer au poste. Sûr que les relations de ces jeunes et de leurs familles avec la police ne sont pas près de s'arranger !

Le rapport note aussi " une déferlante de violences ", " un nombre croissant de mineurs mis en cause dans la délinquance ", " une marginalisation croissante ", etc. Il est certain que ce n'est pas le cas, de l'autre côté de Paris, à Neuilly-sur-Seine, où la délinquance existe aussi, bien sûr, mais a un autre visage. Mais, dans les cités de Seine-Saint-Denis, il y a peu de chances de connaître autre chose que le chômage ou les petits boulots sous-payés, alors que dans les beaux immeubles de Neuilly, pour la plupart des habitants c'est l'assurance d'une vie et d'un avenir hors du besoin.

Combattre les incivilités et la délinquance, cela ne se fait pas seulement à coups de matraques et d'emprisonnements, mais par l'éducation et en se battant contre le chômage et toutes les formes de pauvreté. Le problème est qu'il faudrait d'abord enseigner cela à l'ancien ministre de l'Intérieur promu au rang de patron de la République.