PSA - Peugeot Mulhouse : Une série de suicides parmi les travailleurs08/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2027.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA - Peugeot Mulhouse : Une série de suicides parmi les travailleurs

Trois salariés de l'usine PSA Peugeot-Citroën de Mulhouse se sont suicidés, en dehors de l'usine, en l'espace d'une dizaine de jours, courant mai, deux à domicile et un autre sous un pont. C'est la CGT qui a dévoilé ces drames, qui surviennent après qu'un salarié de 51 ans se fut pendu dans un local technique de l'atelier de Mécanique courant avril. Tous ces suicides ont provoqué une émotion importante dans l'usine.

Pour le premier suicide, le lien avec le travail réside dans le choix même du lieu, même si une enquête est toujours en cours. La direction du site de production n'avait pourtant pas attendu pour affirmer dans la presse, dès le lendemain du drame : " Tous les éléments objectifs font ressortir qu'il était satisfait de sa mission et qu'il était apprécié de sa hiérarchie ", en ayant même le cynisme de préciser qu'il avait bénéficié d'une augmentation et d'une promotion ces deux dernières années.

Pour ces trois nouveaux suicides, la direction, relayée par FO et dans une moindre mesure la CFDT, explique que l'entreprise n'y est pour rien et que ce sont des affaires privées. Il n'empêche que la direction a immédiatement annoncé des actions " pour mieux prendre en charge les salariés en détresse " et proposé la création d'un groupe de travail avec recours de psychologue et d'un médecin pour étudier la situation des travailleurs en déprime, et ils sont nombreux dans l'entreprise.

La direction n'en fait pas moins la chasse aux malades, envoyant assez fréquemment des lettres de mise en garde qui peuvent déboucher sur le licenciement. Une trentaine par an ont pour justification des absences répétées, sur les 60 à 80 licenciements individuels qui ont lieu chaque année. Comme le dit le responsable de la CGT, " en dehors de la productivité, il n'y a plus rien qui compte ". Il n'y a pas besoin de psychologues pour comprendre que la vie des travailleurs est rendue infernale par l'âpreté au gain des patrons, qui en veulent toujours plus.

Car la toile de fond de ces drames, c'est le stress, les cadences intenables, les fins de mois difficiles et l'incertitude du lendemain. L'usine de Mulhouse vit à l'heure des suppressions de postes. Entre 1999 et 2005, les effectifs ont baissé de 2 000 salariés, pour une production identique de 400 000 véhicules par an. L'usine fabrique les C4 et les 206 et compte encore 10 500 travailleurs. La direction vient d'annoncer que 500 intérimaires de plus allaient se retrouver à l'ANPE. Le secteur où il y a eu ces suicides, le Ferrage, est en pleine restructuration, avec le stress et l'augmentation de la charge de travail que cela signifie toujours. Sans parler des 4 800 suppressions d'emplois programmées par le nouveau PDG, Streiff, sur l'ensemble du groupe, dont l'unique raison est la volonté de baisser la part des travailleurs dans la richesse dégagée par le groupe.

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