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L'amende que risque Total au procès de l'Erika : Une goutte de fuel dans la marée noire de ses profits
Lundi 4 juin, après quatre mois d'audience, les procureurs du tribunal correctionnel de Paris ont présenté leur réquisitoire dans le procès de l'Erika. Ce pétrolier vétuste, rongé par la corrosion, s'était brisé en deux au large de la Bretagne le 12 décembre 1999 avant de couler, causant une marée noire qui avait souillé 400 kilomètres de côtes.
Le parquet de Paris a requis une peine maximale à l'encontre des responsables de ce désastre écologique, à commencer par le groupe Total, qui, bien que connaissant l'état de l'Erika, avait utilisé ce navire poubelle pour transporter son fuel au moindre coût. Les procureurs ont demandé que la maison-mère de la compagnie pétrolière, Total SA, soit condamnée à 375 000 euros d'amende, de même que sa filiale Total Transport. Pour une autre de ses filiales, Total Petroleum Services, le montant de l'amende est laissé à l'appréciation des juges. Des peines de prison et des amendes ont aussi été requises contre d'autres prévenus, le propriétaire et le gestionnaire du navire, la société de certification italienne qui lui avait accordé l'autorisation de naviguer, ainsi que le capitaine de l'Erika.
375 000 euros, c'est le montant maximum de l'amende dont est passible une personne morale, c'est-à-dire une entreprise, responsable d'une pollution. Bien sûr, dans un second temps, si Total est reconnu coupable, un tribunal civil devra établir le montant des réparations que le groupe serait amené à payer. Mais la peine elle-même est dérisoire, a reconnu le procureur, en regard des dégâts commis sur toute une région, tout comme étaient dérisoires les économies réalisées par Total en affrétant ce navire, si on les compare aux milliards de bénéfices qu'il engrange chaque année.
Le gouvernement dit vouloir réformer la justice de toute urgence, en commençant par l'instauration de peines " plancher " applicables aux mineurs qui commettent des délits tels que des larcins ou des destructions de voitures. Mais il n'envisage apparemment pas de revoir le montant ridiculement bas des peines " plafond " que peuvent encourir les grands groupes capitalistes qui, comme Total, se moquent autant des lois que des conséquences de leurs actes sur la vie des gens.