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Dans les entreprises
France Télécom : Une journée de grève réussie
Toutes les organisations syndicales de France Télécom appelaient à faire du 31 mai " une journée d'action de haut niveau " contre les 22 000 suppressions d'emplois en trois ans annoncées en février 2006, dont les effets se font sentir pleinement aujourd'hui. La CGT, syndicat majoritaire, avait seulement annoncé, dans ses tracts nationaux, un " nouveau temps fort de mobilisation et d'action multiforme pouvant aller jusqu'à la grève ", tandis que SUD, FO et la CGC avaient été clairs dans leur appel à la grève.
Il y a eu ce jour-là de l'ordre de 40 % de grévistes, soit une bonne participation, supérieure aux 30 à 35 % de travailleurs qui avaient apporté une première réponse à l'attaque de la direction le 14 décembre dernier. Ce succès est d'autant plus encourageant qu'avec l'éclatement des services qui sont complètement désorganisés, les restructurations permanentes depuis qautre à cinq ans, les agents ont bien du mal à se connaître.
En 2006, il y a eu plus de 10 000 départs en retraite et en préretraite par un congé de fin de carrière. Aujourd'hui, ce système de préretraite est arrêté et tous les moyens sont bons pour multiplier les départs. Les " espaces développement " chargés de convaincre les agents d'aller voir ailleurs tiennent un discours permanent du style : " Votre service va disparaître et il va bien falloir que vous trouviez autre chose comme poste, et nous n'avons plus rien à vous proposer. " La fermeture de centres se traduit par des mobilités imposées à des dizaines de kilomètres, ce qui, surtout en province, pose des problèmes énormes. France Télécom comptant encore de nombreux fonctionnaires, la direction multiplie les pressions pour qu'ils partent dans d'autres secteurs de la Fonction publique ou qu'ils créent leur propre entreprise, y compris comme sous-traitants de France Télécom.
La sous-traitance se développe, que ce soit dans les services techniques ou dans les centres d'appel chargés des contacts commerciaux et du service après-vente (le 1014, le 1013, le 3900). Les équipes techniques sont réduites à leur plus simple expression, dans l'incapacité de rétablir le réseau en cas de problème. Les opérateurs croulent sous les appels des usagers et ceux-ci n'ont plus de point de contact, en particulier en province.
Ce n'est pas le travail qui manque, si seulement la direction voulait vraiment entretenir le réseau et permettre aux usagers d'avoir des réponses aux problèmes qu'ils rencontrent avec leur téléphone, leur liaison internet ou leur mobile. Les 22 000 suppressions d'emplois en cours ne correspondent en rien à une baisse d'activité, mais à la décision de France Télécom de faire des économies sur le dos du personnel. Le service rendu n'est depuis longtemps plus à l'ordre du jour. Pour France Télécom, l'exploit est d'avoir réussi, parmi les entreprises cotées au CAC 40, à distribuer le plus fort taux de dividendes à ses actionnaires !
Les agents de France Télécom, comme les travailleurs de toutes les entreprises, n'ont guère d'autre choix, s'ils ne veulent pas subir la situation, que d'emprunter la voie de la lutte. La participation à la journée du 31 mai est plutôt positive pour l'avenir.