Cofathec- Étang de Berre (Bouches-du-Rhône) : Succès de la grève pour les salaires08/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2027.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cofathec- Étang de Berre (Bouches-du-Rhône) : Succès de la grève pour les salaires

Cofathec est une entreprise sous-traitante de maintenance industrielle en mécanique, chaudronnerie, tuyauterie, etc., de l'étang de Berre. Filiale de Gaz de France, elle emploie environ 1 200 salariés, dont 300 intérimaires. Ils sont disséminés dans plusieurs ateliers, dans les raffineries (Esso, Total, Shell, BP...) dans la sidérurgie à Arcelor-Fos (ex-Sollac) et dans beaucoup d'autres entreprises.

Le mécontentement sur les salaires y est ancien : pour certains jeunes monteurs, le salaire ne dépasse pas 1 300 euros brut. Vendredi 25 mai, apprenant que la direction ne proposait que 1,5 % d'augmentation générale, assortie d'une augmentation de la prime de déplacement de 26 centimes, estimant qu'on était loin du compte, ils se sont mis en grève à l'appel de la CGT. Pour leur part, FO et la CGC avaient signé l'accord salarial.

Au retour du week-end de la Pentecôte, le mardi 29 mai, la grève continuait. Elle fut suivie inégalement dans les différentes antennes Cofathec.

Les 200 travailleurs de Cofathec présents sur le site d'Arcelor furent en grève à 100 % dès le premier jour, avec piquet de grève 24 heures sur 24, une tente de permanence et des équipes qui se relayaient. Ils bloquèrent avec succès tous les véhicules Cofathec qui cherchaient à rentrer dans l'usine. Dans la zone industrielle du Carré d'As, sous le viaduc de Martigues, où 150 ouvriers environ travaillent en mécanique, la grève fut suivie par une très large majorité. À Kennedy (machines-outils), les monteurs firent grève presque seuls.

Les antennes Cofathec de Total et de Shell ne semblaient pas touchées, mais Shell rejoignait le mouvement dans la journée.

Les grévistes distribuèrent des tracts aux ronds-points qui commandent les accès aux usines, en particulier le grand complexe de Lavéra, créant d'importants bouchons. Ils eurent un bon accueil. Après avoir fini de distribuer 2 000 tracts, ils arrêtèrent les voitures pour discuter avec ceux qui continuaient à arriver. Et justement, les ouvriers d'autres entreprises sous-traitantes du pétrole ou de la sidérurgie avaient exactement les mêmes problèmes et manifestaient leur sympathie aux grévistes.

La direction a usé de diverses manoeuvres pour tenter de décourager les grévistes, téléphonant de fausses informations, envoyant des mouchards. Le sous-directeur est venu souvent pour tenter d'expliquer au piquet de grève qu'il fallait reprendre, qu'on risquait de perdre des contrats, qu'il fallait faire des économies, citant les importantes dépenses de carburant des salariés... ce qui a rendu furieux les ouvriers présents au piquet, puisque les plus gros consommateurs de carburant de l'entreprise sont les chefs de contrat, les cadres dirigeants qui peuvent tout faire passer en note de frais.

Puis, sur le site d'Arcelor, quelques travailleurs d'autres entreprises sous-traitantes se mirent en grève spontanément, à titre individuel. Les salariés de CMI, une entreprise sous-traitante de maintenance industrielle, annoncèrent qu'ils décidaient de rejoindre le mouvement à partir du lundi 4 juin.

Du coup, sans doute à la demande d'Arcelor et d'autres entreprises, le sous-préfet prit contact avec la direction de Cofathec. Manifestement, les patrons comme le préfet ne voulaient pas risquer l'extension du mouvement. Des négociations furent ouvertes le vendredi 1er juin et la direction annonça des augmentations de 3,1 % pour les salaires inférieurs à 1 400 euros, de 3 % pour les salaires de 1 400 à 1 600 euros et de 2,75 % pour les salaires supérieurs à 1 600 euros. Le patron doublait donc l'augmentation qu'il avait prévue, même si de telles augmentations, de 40 à 50 euros, restent très insuffisantes.

La reprise fut votée, bien que des grévistes pensaient qu'il aurait valu le coup de continuer. Tous étaient fiers de ces jours de grève qui ont fait plus que des semaines de négociations.

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