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Leur société
Transports publics et service minimum : Pas touche au droit de grève !
Le nouveau ministre du Travail, Xavier Bertrand, est pressé et a déclaré que d'ici le 1er janvier 2008 il existera un service minimum à la SNCF.
Cette annonce d'une réforme promise par Sarkozy au cours de sa campagne électorale s'est accompagnée de déclarations un tantinet contradictoires. D'un côté, le ministre prétend qu'" il n'y aura pas de remise en cause du droit de grève, qui est un droit constitutionnel ". De l'autre, il explique qu'" il y a aussi le droit au travail : c'est aussi respecter les Français, qui ont besoin des transports en commun pour aller travailler, que de mettre en place ce service minimum ". En somme, d'un côté, il veut endormir la méfiance des travailleurs des transports en leur disant que, grosso modo, rien ne sera changé et qu'il n'y a pas de quoi se mobiliser contre le projet gouvernemental ; et de l'autre, il annonce à l'opinion réactionnaire, toujours prête à partir en guerre contre les salariés grévistes, qu'il va les mettre au pas.
Seulement voilà, il n'est pas si simple de réaliser en même temps une chose et son contraire. Et même si les principales directions syndicales, CGT comprise, semblent tout à fait disposées à discuter avec le ministre de la " voie de passage " vers un service minimum, le gouvernement a raison d'être prudent. Les précédents ne manquent pas de tentatives ratées pour s'attaquer au droit de grève des cheminots, ou plus largement des travailleurs de la fonction publique, au nom de la " liberté du travail ".
Gouvernement et direction SNCF prétendent qu'ils veulent instaurer un service minimum pour mieux satisfaire les usagers, " pris en otage " - comme ils osent dire - par les grévistes. Mais en réalité ils se moquent comme d'une guigne des usagers, auxquels ils imposent quotidiennement un service minimum des transports en commun publics, en particulier aux millions de banlieusards qui, autour des grandes villes, voyagent dans des conditions inadmissibles. Comme le disait récemment une organisation d'usagers, " le nombre trop important de pannes, retards et trains annulés régulièrement sur certaines lignes - notamment dans la banlieue parisienne - fait que des usagers sont quotidiennement bloqués dans les transports, non pas à cause des grèves, mais essentiellement à cause d'incidents techniques liés à la vétusté du matériel et à son mauvais entretien ".
Alors, même si les dirigeants des principales organisations syndicales s'apprêtent à négocier avec le gouvernement sous prétexte d'éviter une loi sur le service minimum, dans leur propre intérêt comme dans celui de l'immense majorité des usagers qui sont aussi des travailleurs, aucun cheminot, aucun travailleur des transports publics ne peut accepter de restriction à l'exercice du droit de grève.
Lucienne PLAIN
Sans remonter à la grève générale de l'été 1953 de la fonction publique contre les attaques d'un autre gouvernement de droite contre les retraites, et que ledit gouvernement n'avait pas réussi à casser malgré des mesures de réquisition collectives puis individuelles, les tentatives de rogner sur le droit de grève dans les transports en commun ont été nombreuses depuis une vingtaine d'années.
À plusieurs reprises, des propositions de loi ont été déposées, discutées, sans aller toutefois jusqu'au vote. Même après l'élection de Chirac en 2002, qui avait lui aussi promis dans les six mois l'instauration d'un service minimum, aucune loi n'a suivi, qui aurait imposé d'en haut, autoritairement, des dispositions anti-grève aux travailleurs des transports. Dans cette attitude des gouvernements successifs, il y a évidemment une certaine crainte, salutaire, des réactions des travailleurs concernés !
Déjà, dans les transports en commun publics, il existe certains obstacles à l'exercice du droit de grève. Ainsi, depuis 2004, un accord existe à la SNCF " sur la prévention des conflits ". Signé par l'ensemble des organisations syndicales, il a instauré un délai avant le déclenchement de toute grève. Ainsi, il faut déposer une demande " de concertation immédiate " (à la suite de laquelle la direction est tenue de recevoir les organisations syndicales) auprès de la direction treize jours avant de pouvoir déposer un préavis de grève, qui lui-même doit être déposé cinq jours pleins avant le début de la grève.
Jusqu'à présent, une telle procédure n'a eu qu'une efficacité limitée lorsque des cheminots étaient décidés à se mobiliser pour leurs revendications. Mais il n'y a aucune raison pour qu'ils laissent le gouvernement et la direction de la SNCF continuer à aller dans ce sens et remettre en cause, peu ou prou, leur droit de grève.