Sans papiers : Échec à une expulsion violente01/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2026.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans papiers : Échec à une expulsion violente

Samedi 26 mai, un vol d'Air France Paris-Bamako (Mali) a été annulé parce que des passagers ont pris la défense d'un Malien sans papiers, Selif Kanaté, expulsé de force et qui subissait des violences policières.

Après l'annulation et le report de leur vol, des passagers ont rédigé un témoignage écrit, diffusé par Réseau éducation sans frontière.

D'abord, les témoins ont cru à une bagarre entre passagers. Voulant les séparer, ils se sont rendu compte qu'il s'agissait de deux policiers en train d'étrangler littéralement un passager, lui assénant des coups de poing dans le ventre pour le maîtriser.

Quand les hurlements de l'homme se transformèrent en plaintes rauques et qu'il perdit connaissance, sanglé sur son siège, de nombreux passagers protestèrent, certains croyant que l'homme était mort. La confusion à bord était totale. Une bonne dizaine d'agents de la Police de l'Air et des Frontières (PAF) firent alors irruption dans l'appareil et évacuèrent Selif Kanaté par ambulance, tandis qu'un passager, Michel Dubois, était débarqué pour avoir pris part aux protestations.

D'autres passagers continuèrent de manifester, en particulier ceux de l'équipe du cinéaste Laurent Cantet, dont fait partie Dubois. Certains furent menacés de débarquement par la PAF. Finalement, le commandant de bord annula le décollage.

Après examen de son dossier, et bien que la police ait déposé trois plaintes contre lui, dont une pour " coups et blessures contre un policier ", Selif Kanaté a été remis en liberté par le juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance de Bobigny, jusqu'à son procès le 28 juin. On ne sait pas dans quel état de santé il se trouve aujourd'hui. De son côté Michel Dubois, relâché quelques heures après son arrestation, a été informé que des poursuites seraient engagées contre lui. Il est de plus en plus fréquent que de telles poursuites judiciaires soient engagées par le gouvernement à la suite de gestes de solidarité envers les menacés d'expulsion.

Lorsqu'ils achètent des billets sur des vols réguliers, les clients d'Air France doivent donc savoir qu'ils peuvent se retrouver dans un fourgon cellulaire volant, près de voyageurs menottés, baillonnés, et qu'ils risquent d'être inculpés s'ils protestent, à juste titre, contre les violences policières !

Partager