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Le "choc fiscal" du gouvernement ou... plus de cadeaux pour les riches
Pendant sa campagne, Sarkozy avait promis de nouveaux cadeaux fiscaux aux plus riches. Dans ce domaine, le gouvernement ne perd pas de temps puisque le ministre du Budget, Éric Woerth, a annoncé jeudi 24 mai la cascade de mesures qu'il comptait prendre d'ici l'été afin de favoriser encore plus les nantis.
La première concerne le " bouclier fiscal ", qui passera de 60 à 50 %. Autrement dit, un contribuable ne pourra pas payer en impôts une somme supérieure à la moitié de ses revenus. Cette mesure ne touche que quelque 100 000 foyers fiscaux, les plus aisés évidemment, sur les 18 millions assujettis à l'impôt sur le revenu. Et cela s'appliquerait dès maintenant, pour les impôts payés en 2007 sur les revenus de 2006.
L'impôt de solidarité sur la fortune, l'ISF, continue d'exister dans son appellation, mais le gouvernement a prévu de le rendre moins douloureux à ceux qui y sont assujettis : ainsi, il leur remboursera jusqu'à 50 000 euros à condition qu'ils investissent dans une PME, une fondation ou une université. La " solidarité " ne jouera donc pas en faveur des plus démunis, mais envers les nantis, voire leur famille si la PME en question appartient au fils ou au petit cousin !
Le gouvernement propose aussi de faciliter la transmission du patrimoine en " mettant le paquet " sur les donations. Cela n'est pas nouveau. En 2005, le gouvernement dans lequel Sarkozy était ministre des Finances avait déjà augmenté la somme que l'on pouvait transmettre à chacun de ses enfants sans payer d'impôts, la faisant passer de 50 000 à 80 000 euros, et il avait raccourci les délais permettant de renouveler cette opération tous les six ans, au lieu de dix. Mais aujourd'hui, il ajoute un nouveau cadeau à propos des successions. Le gouvernement entend exonérer de droits 95 % d'entre elles. Actuellement, quand il s'agit de successions en ligne directe, des parents vers les enfants, seules 25 %, les plus grosses, sont taxées. C'est donc à celles-là que profitera la mesure.
Enfin, il est prévu que les intérêts des emprunts immobiliers pourront être déduits des revenus à hauteur de 20 % afin, dit le gouvernement, " de faciliter l'accession à la propriété ". Mais, vu les prix de l'immobilier à l'heure actuelle, seuls ceux qui ont un revenu confortable, et surtout un travail suffisamment stable pour que les banques leur accordent un prêt, bénéficieront de cette mesure.
Tous ces cadeaux fiscaux en direction des plus riches existaient déjà auparavant, le gouvernement se contente d'en accroître le montant. À combien se chiffrera le manque à gagner pour les fonds publics ? La somme de 4 milliards d'euros est avancée, mais Xavier Bertrand, porte-parole de Sarkozy durant la campagne électorale, avait alors avancé le chiffre de 12 milliards.
Fillon qualifie ces mesures de " choc fiscal ". Le choc, il sera pour l'ensemble de la population, qui devra payer ces cadeaux faits aux plus riches.