Immigrants perdus en mer : On n'arrête pas les affamés avec des frontières01/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2026.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Immigrants perdus en mer : On n'arrête pas les affamés avec des frontières

Vendredi 28 mai des pêcheurs de l'île de Malte, située entre les côtes libyennes et la Sicile, en Méditerranée centrale, ont recueilli un homme, seul survivant du naufrage d'un bateau d'immigrants clandestins.

Le lendemain, dans la même zone, 26 survivants d'un autre naufrage, agrippés à une cage servant à élever les thons en pleine mer, ont été sauvés par un bateau italien. Le dimanche, 27 autres, également accrochés depuis des heures à une cage à thons, ont enfin trouvé refuge sur un chalutier espagnol après que d'autres navires eurent fait semblant de ne pas les voir.

Aucun pays ne voulant recevoir ces derniers naufragés, ils doivent rester sur le chalutier, où il n'y a ni de quoi les nourrir, ni de quoi les habiller, ni de quoi les coucher. Le ministre de l'Intérieur de l'île de Malte, membre de l'Union européenne, a affirmé froidement : les naufragés " se trouvaient dans la zone de recherche libyenne et ont été secourus par un navire espagnol. Nous n'avons aucune obligation de les secourir au regard de la loi internationale ".

Chaque année aux beaux jours, des milliers, peut-être des dizaines de milliers d'hommes, parfois accompagnés de leur famille, tentent ainsi leur chance. Partis de la côte libyenne, mais souvent originaires d'Afrique noire et ayant déjà accompli un long voyage, ils essaient de traverser le bras de mer. Sur des barques hors d'usage, surchargées et sans équipage, munis seulement de quelques bidons d'eau, ils tentent de gagner la Sicile, l'île de Lampedusa ou Malte, c'est-à-dire l'Europe.

L'Union européenne aura beau multiplier les lois, faire patrouiller des vedettes militaires, installer des radars, signer des accords policiers, rien n'y fera. Même si les États rétablissaient pour les officiers le droit de jeter les clandestins par-dessus bord, ce que certains ont déjà fait, cela ne les découragerait pas. Car aucune des barrières que peut inventer l'Europe ne sera plus terrible que la misère que cette même Europe a créée et entretient en Afrique, cette misère qui pousse les jeunes à aller tenter leur chance dans les pays riches.

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