Ces chômeurs que les gouvernants ne veulent pas voir01/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2026.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ces chômeurs que les gouvernants ne veulent pas voir

Tout au long de la campagne présidentielle, le gouvernement Villepin-Sarkozy-Borloo a publié des communiqués proclamant une baisse du chômage, jusqu'à 8,3 % en mars dernier. Selon l'ANPE, ce chiffre serait plutôt de 9,1 %. Dans le même temps, les employés de l'INSEE qui calculent ces statistiques étaient en grève et se refusaient à publier leurs chiffrages mensuels. Mais selon le collectif ACDC (Les autres chiffres du chômage), qui dénonce ces manipulations gouvernementales, l'enquête emploi de l'INSEE pour 2006 avait montré que le chômage ne baissait pas mais se maintenait à 9,8 %, c'est-à-dire au niveau de 2005.

Dans sa première note, le collectif ACDC a souligné qu'en septembre, alors que le chiffre officiel approchait 2,2 millions de chômeurs, le véritable chiffre était de 4,4 millions. Le chiffre claironné chaque mois par le gouvernement ne prend en effet en compte que les personnes sans emploi, immédiatement disponibles et cherchant un contrat à durée indéterminée (CDI) à temps plein... éliminant tous les autres !

Or, depuis vingt-cinq ans, le nombre de ces " chômeurs invisibles ", car effacés des statistiques, ne cesse d'augmenter. En 2006, ils représentaient plus de 50 % de l'ensemble des chômeurs, contre 10 % en 1982. À la fin de l'année 2006, ils se répartissaient ainsi : 871 000 demandeurs d'emploi temporaire ou à temps partiel (qui peuvent l'être réellement ou seulement considérés comme tels par l'ANPE) ; 452 000 chômeurs ayant travaillé au moins 78 heures dans le mois (même s'ils recherchent un CDI à temps plein) ; 412 000 chômeurs de plus de 57 ans (voire de 55 ans dans certains cas), dispensés de recherche d'emploi (mais qui peuvent très bien continuer d'en chercher un) ; 321 000 demandeurs d'emploi non immédiatement disponibles ; 220 000 chômeurs des départements d'outre-mer (jamais pris en compte dans le décompte des chômeurs, apparus dans certaines statistiques en 1986) ; soit, au total, 2,2 millions de chômeurs " invisibles ".

Tel est le résultat des mesures gouvernementales qui, entre 1985 et 1997, ont modifié le mode de classement des chômeurs pour masquer l'impact du chômage. Puis, entre 1997 et 2002, l'ANPE a modifié à son tour sa façon d'inscrire les chômeurs. Dans cette période, avec la relative embellie économique, le nombre des demandeurs d'emploi a baissé dans les statistiques de 850 000, et en réalité sans doute de 340 000 seulement. Car l'ANPE a alors considéré plus systématiquement que les demandeurs d'emploi recherchaient, non pas des emplois à temps plein, mais des emplois temporaires ou à temps partiel, excluant ainsi des centaines de milliers de chômeurs du décompte officiel.

Enfin, resté stable entre 2002 et 2004, le nombre des chômeurs invisibles a progressé de nouveau à partir de 2004, dans la perspective de la présidentielle, arrivant à 51 % du total des demandeurs d'emploi en 2006, contre 47 %, deux ans plus tôt.

Quant aux créations d'emplois, leur nombre était de 93 600 dans les trois premiers mois de 2007, dont 60 % d'emplois en intérim, donc précaires.

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