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Leur société
Le calendrier électoral : Plus gaulliste que le PS, tu meurs !
" On a un pouvoir qui veut écraser, qui veut dominer, qui veut avoir tous les leviers de commande, il y a péril et il y a urgence ", se plaint le dirigeant du PS, François Hollande, qui s'inquiète sur les conséquences possibles de la dynamique présidentielle sur le résultat des élections législatives. Le résultat de celles-ci peut en effet faire entrer au Parlement une majorité de droite plus imposante que la majorité sortante, ce qui renforcerait encore le pouvoir de Sarkozy.
C'est effectivement ce qui s'est produit pendant toute la Ve République à chaque fois que les élections législatives ont suivi immédiatement la présidentielle. Cela s'est produit en 1981 et en 1988, après les deux élections qui ont vu la victoire de Mitterrand, où les élections législatives suivantes se sont terminées au profit du Parti Socialiste.
Mais si ses dirigeants du PS se retrouvent ainsi pris dans les mâchoires d'un mécanisme majoritaire, ils doivent s'en prendre en grande partie à eux-mêmes.
En effet, c'est une réforme constitutionnelle élaborée en commun par Chirac et son Premier ministre Jospin qui a ramené le mandat présidentiel à cinq ans, c'est-à-dire la même durée que le mandat des députés. Auparavant, le mandat présidentiel durait sept ans, il y avait donc fréquemment des élections législatives en cours de mandat, qui pouvaient se transformer en vote sanction pour le président. S'ajoutant à la dissolution de la Chambre des députés par Chirac en 1997, cela a fait qu'à partir de 2002 les élections législatives et la présidentielle ont eu lieu la même année.
À cela s'est ajoutée encore une inversion du calendrier électoral. Si celui-ci n'avait pas été modifié, les élections législatives auraient précédé l'élection présidentielle. Mais le PS, pourtant opposant autrefois à la Constitution gaulliste de 1958 et à son caractère présidentiel, a fait en sorte que les élections législatives aient lieu après la présidentielle. Jospin proposa lui-même cette inversion. La droite eut ainsi l'occasion d'ironiser sur un PS manifestant un esprit gaulliste. Il est vrai que Jospin espérait l'emporter à la présidentielle de 2002 et bénéficier à son tour du mécanisme majoritaire.
En attendant, tant qu'une éventuelle dissolution du Parlement ou la mort d'un président ne bouleversera pas ce calendrier, l'élection présidentielle va précéder les législatives, renforçant le caractère présidentiel du régime, avec les conséquences qu'on a vues en 2002 et qu'on pourrait bien revoir en 2007. Mais le PS sait se montrer responsable vis-à-vis des institutions de la bourgeoisie, quitte à en payer le prix.