Sarkozy a réuni lundi 21 mai les représentants des organisations écologistes pour préparer un " Grenelle de l'environnement " qui devrait proposer, à la rentrée, un plan sur cinq ans portant sur trois priorités : le réchauffement climatique, la biodiversité et la pollution. On trouvait autour de la table le nouveau ministre de l'Écologie Alain Juppé, récemment revenu du Canada où il aurait été touché par la révélation écologique, côtoyant, entre autres, Nicolas Hulot, dont Sarkozy avait signé le " pacte écologique " pendant la campagne électorale.

Le courant est manifestement passé, Hulot ne tarissant pas d'éloges sur la " grande écoute réciproque ". Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue de protection des oiseaux, lui aussi présent, parlait d'une rencontre " historique " et d'une " main tendue " qu'il serait " tout à fait stupide de ne pas saisir ". Comme quoi, en matière de discours et de phrases ronflantes, les écologistes n'ont plus grand-chose à apprendre des politiciens.

Pendant la campagne présidentielle, Hulot avait affirmé que l'heure n'était plus aux grand-messes pour dénoncer les dangers courus par notre planète, mais aux actions concrètes et aux engagements fermes. C'était en principe le sens de son pacte écologique qu'il demandait à tous les candidats à la présidentielle de signer. Mais ce pacte ne comptait que sur la bonne volonté des hommes politiques et des industriels, que Nicolas Hulot disait ne pas vouloir " contraindre " mais " convaincre ".

Ce sont pourtant ceux-ci qui sont responsables des atteintes à la nature et à l'environnement, soit directement, soit par le choix de société qu'ils imposent. Mais ils sont aussi les derniers à vouloir l'admettre. Il suffit de voir l'attitude d'un groupe comme Total après l'explosion de l'usine AZF ou le naufrage de

l'Erika et les moyens humains et financiers qu'il déploie pour se dédouaner.

Finalement les seuls que Hulot se proposait vraiment de " contraindre " dans son " pacte écologique ", c'est la population laborieuse qui devrait s'acquitter d'une nouvelle " taxe carbone " sur les produits pétroliers. Sur ce plan-là le programme écologique de Juppé lui donnera peut-être satisfaction.