En Pologne, la Cour constitutionnelle a annulé en grande partie une loi du 15 mars dernier dite de " décommunisation " qui obligeait plus d'un demi-million de personnes, allant des hauts fonctionnaires aux directeurs d'école, à remplir un formulaire qui leur demandait s'ils avaient " collaboré secrètement et consciemment avec les anciens services de sécurité communistes ".

La Pologne ne vit plus sous l'emprise du régime qui avait été imposé par la bureaucratie stalinienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et cela depuis 1989, depuis qu'elle a rompu avec le bloc soviétique agonisant. Elle se prétend un pays " démocratique " et a pris comme exemple les grandes puissances occidentales. Dans un premier temps la population y a gagné quelques droits, c'est vrai. Mais des forces réactionnaires et cléricales y ont développé de plus en plus leur démagogie à l'égard d'une population désenchantée par les effets du retour aux lois du marché capitaliste qui ont été désastreux. Au chômage pour près d'un cinquième, elle a pu perdre les illusions qu'elle avait sur la liberté capitaliste.

Au pouvoir depuis 2005, le gouvernement des frères Kaczynsky a favorisé des mouvements xénophobes et antisémites. Opposé au droit à l'avortement, ce gouvernement entend imposer dans tous les domaines, y compris dans celui de la vie quotidienne, les " valeurs chrétiennes " aussi bien dans l'enseignement qu'à la télévision. Il se propose de relancer le débat en faveur de la peine de mort dans l'Union européenne. Il s'en prend aux homosexuels et il va même jusqu'à contester la théorie de l'évolution des espèces, qui serait un " mensonge ". C'est ce que proclame le vice-ministre de l'Éducation. Le formulaire sur la " décommunisation " s'inscrivait dans un tel climat réactionnaire.

Bref, un totalitarisme est en train de remplacer le précédent... même si les jumeaux Kaczynsky viennent de voir leur dernière initiative retoquée par le Conseil constitutionnel.