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Leur société
Liberté de la presse, à la botte de Lagardère
Le directeur du Journal du Dimanche a refusé la publication d'un article révélant que Cécilia Sarkozy n'avait pas voté au deuxième tour.
Il affirme avoir " beaucoup réfléchi " avant de prendre cette décision, mais le fait que le propriétaire du Journal du Dimanche soit Arnaud Lagardère, grand ami de Sarkozy, a tout de même dû peser dans sa réflexion. D'autant plus que, l'an passé, Lagardère avait fait évincer le directeur de Match, une autre publication de son groupe, coupable d'avoir laissé publier une photo de Cécilia posant quelque problème à Nicolas.
L'information sur cette remarquable abstention est quand même passée, en se grossissant du même coup d'une polémique sur la liberté de la presse. Car non seulement les principaux médias font partie des plus gros groupes capitalistes (Lagardère, Dassault, Bouygues, Bolloré) mais les patrons de ces groupes sont des amis de Sarkozy. Il y a donc une tendance " naturelle " à ne pas passer les informations désagréables au nouveau président de la République. D'une part, Sarkozy et son entourage savent à qui il faut téléphoner. D'autre part, et surtout, les directeurs de ces journaux, radios et télés savent de quel côté leur tartine est beurrée. La vérité leur est chère, mais leur emploi leur est plus cher encore.
Pourtant tout cela ne reste qu'anecdotique. Lorsqu'il s'agit des frasques électorales ou matrimoniales des Sarkozy, cela finit quand même par se savoir et parfois la tentative de censure ne fait que monter en épingle un épisode dérisoire ou privé. Certains journaux peuvent alors à bon compte faire profession d'indépendance, d'irrévérence ou de principes moraux, c'est selon. Cela permet de rompre l'uniformité médiatique... en surface du moins.
Car pour le reste, la convergence est remarquable dans les médias qui " font l'opinion ", ou du moins qui voudraient la faire : pour les entreprises augmenter les salaires serait aller à la ruine, les licenciements seraient une douloureuse nécessité, les profits constitueraient une bénédiction, le capitalisme ce que l'humanité aurait inventé de mieux. Pour cela nul besoin de censure ni même de conseils. Aux mains des grands groupes capitalistes, la grande presse en défend les choix tout aussi naturellement que chantent les oiseaux en cage.