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Leur société
Le PS n'a rien fait pour susciter l'adhésion des milieux populaires
Si l'on s'interroge sur les raisons de l'échec de la candidate du Parti Socialiste à l'élection présidentielle, une au moins vient tout de suite à l'esprit : elle a été incapable, elle et son parti, de susciter le moindre " désir d'avenir " parmi les milieux populaires, comme le suggérait son slogan.
Après la cuisante claque électorale subie par la gauche le 21 avril 2002, celle-ci s'est obstinée à faire le silence sur ce désaveu massif. Or, les 4,1 millions de voix qui avaient fait défaut, au PS d'abord et au PCF ensuite, venaient sanctionner la politique de cette gauche qui, pendant cinq ans, avait ignoré les besoins élémentaires de tous ceux qui, dans les entreprises et les quartiers populaires, voyaient croître l'incertitude du lendemain.
Pour faire taire les critiques venues de ce camp-là, pour éviter d'avoir à s'expliquer sur leur politique passée, le PS, le PCF et leurs alliés ont appelé à voter Chirac, montant en épingle artificiellement le danger Le Pen. Non seulement ils ont ainsi contribué à faire plébisciter le porte-parole de la droite mais ils ont contribué à convaincre leurs propres électeurs qu'entre la droite et la gauche, il n'y avait pas d'opposition fondamentale.
Les responsables du PS et de la gauche auraient pu, s'ils avaient vraiment voulu reconquérir la confiance du monde du travail, montrer qu'ils avaient entendu son message. Ils auraient pu s'engager pour l'avenir à rompre avec leur ancienne politique et proposer des mesures pour protéger les travailleurs des licenciements et du chômage, assurer à l'ensemble de la population une prise en charge de ses besoins en matière de logement, de santé et d'éducation. Mais le PS et ses représentants ne l'ont pas voulu. Le PS ne voulait pas revenir, si peu que ce soit, sur la politique menée entre 1997 et 2002, car dire ce qui dans cette politique était mauvais, examiner d'un oeil critique les mesures prises, reconnaître celles qui étaient antiouvrières, parler des mesures qu'il aurait fallu prendre et que le gouvernement de la gauche plurielle n'avait pas prises, aurait été un engagement pour l'avenir en cas de retour au pouvoir. Et le PS n'a jamais voulu prendre de tels engagements.
Ségolène Royal n'a donc trouvé à reprendre que des phrases creuses comme " l'ordre juste " ou " la France présidente ". En faisant de la sorte, la candidate du PS n'a fait que continuer la politique mise en oeuvre par le PS depuis 2002. Le PS s'est en effet contenté d'attendre que la droite se déconsidère au gouvernement pour recueillir les votes de tous ceux qu'elle décevait. Comme cela lui a permis de rafler la mise en 2004 lors des élections régionales, cantonales et européennes, il a persisté et signé.
Mais cela ne suffisait pas pour susciter dans les classes laborieuses un enthousiasme susceptible de changer la physionomie de l'élection présidentielle. Ceux qui, dans les classes populaires se sont détournés de la gauche, n'ont pas pu trouver, dans le programme social du PS, de quoi revenir. Le PS n'a fait que de timides réserves - et Ségolène Royal a continué sur le même registre pendant la campagne électorale - sur les attaques de la droite sur les retraites, la Sécurité sociale, sur les licenciements, le chômage et sur toute la politique pro-patronale appliquée par la droite parce qu'au fond il est fondamentalement d'accord avec cette politique et n'a rien d'autre à proposer, sinon la manière de le dire.
Ce faisant, le PS porte une responsabilité dans le fait qu'une partie des couches populaires, à défaut d'autre chose, ont été sensibles à la démagogie de Sarkozy qui leur promettait l'ordre.
Si le maintien de la droite à la tête de l'État pour les cinq prochaines années marque la faillite d'une politique du Parti Socialiste, c'est bien celle qui a consisté à ne pas répondre aux attentes urgentes des classes populaires.