Industrie agro-alimentaire : Pour faire du profit, tout est bon09/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2023.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Industrie agro-alimentaire : Pour faire du profit, tout est bon

Danone séduit ici la clientèle avec des yaourts qui se font passer pour des potions magiques. On connaissait le flacon d'Actimel censé " renforcer les défenses immunitaires " et le yaourt " anti-cholestérol ", désormais on a droit au yaourt... cosmétique qui prétend rien moins que " nourrir la peau de l'intérieur et la rendre plus belle " !

Mais, comme le miracle se paye, ces produits sont très chers, ce qui limite leur diffusion. Comme le dit Franck Riboud, PDG de Danone : " On touche 20 % de la population. Essentiellement le haut de la pyramide, qui a les moyens de s'acheter des yaourts. Ce qui nous intéresse, ce sont les 80 % restants, qui vivent avec 3 à 5 dollars par jour. "

Poursuivant cette idée depuis quelques années en Afrique du Sud, en Asie, à grand renfort de publicité sur l'accès à la santé et les miracles du micro-crédit, Danone y a ouvert des usines. Les yaourts y sont fabriqués à bas prix par une main-d'oeuvre sous-payée. Puis les petits pots sont distribués par des femmes qui parcourent à pied les chemins pour les vendre à l'unité, en porte-à-porte, dans les villages, les faubourgs des villes et les bidonvilles.

Tout le cynisme de l'opération est résumé dans l'interview d'un certain Olivier Fourcadet, professeur de stratégie à l'Essec, qui déclarait le 24 avril dans les colonnes du journal Le Parisien : " Les industriels ont pris conscience, au début des années 2000, qu'ils étaient restés à l'abri d'un marché colossal : les pauvres. Ils s'étaient déjà implantés dans certains pays du Sud mais en n'y ciblant que les classes moyennes. Sans voir que les pauvres avaient une certaine capacité à dépenser - à condition de rendre les produits accessibles. Prenons le cas des yaourts : il faut les proposer non en pack mais à l'unité. Et s'il n'est pas possible de se payer 120 grammes tous les jours, autant faire des pots de 80 grammes. Il faut s'adapter. "

Le tout, c'est de capter le pouvoir d'achat que constituent ensemble des centaines de millions de pauvres. Et tant pis si après ils ont encore faim.

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