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Leur société
Au lieu de construire des logements sociaux, l'état aide la spéculation dans l'immobilier
À cause de la pénurie de logements HLM, des ménages de milieu populaire en sont réduits à se loger dans le secteur privé, mais ils butent sur des loyers de plus en plus inabordables. Selon la Fondation Abbé-Pierre, seulement 6 % des logements privés ont un loyer de niveau HLM, alors qu'il y en avait 50 % en 1990.
Les gouvernements successifs ont favorisé cette dégradation de la situation. Depuis le socialiste Louis Besson, jusqu'à de Robien et Borloo, tous deux UDF, nombreux ont été les ministres du Logement qui ont attaché leur nom à des diminutions d'impôts accordées à ceux qui peuvent acheter un logement pour le louer, et en font donc une source de revenus supplémentaire.
Dernier en date de cette faveur, le dégrèvement d'impôt baptisé " Borloo populaire ". Celui-ci est censé favoriser des loyers " sociaux " du fait que, pour en bénéficier, un propriétaire ne doit pas dépasser un loyer plafond et que les ressources du locataire ne doivent pas excéder un certain montant. Mais le niveau de ces deux plafonds est très élevé. Pour un appartement de 50 mètres carrés en région parisienne par exemple, un propriétaire qui demande jusqu'à 818 euros de loyer mensuel peut bénéficier de cet avantage fiscal. En fait, les plafonds de loyers autorisés sont pratiquement alignés sur les prix du marché immobilier ! Les propriétaires sont donc choyés par l'État sans même avoir à en rabattre sur les loyers qu'ils exigent.
Ils sont libres également de donner la priorité à des locataires disposant de ressources plus importantes que celles des plus nécessiteux. Quatre-vingts pour cent de la population française a des revenus inférieurs au plafond fixé. Un propriétaire qui a le souci d'avoir une rentrée régulière de ses loyers pourra écarter un smicard qui cherche un logement, pour choisir des locataires qui gagnent plus. Et il bénéficiera toujours de l'allègement dit " Borloo populaire ".
Comme le souligne la Fondation Abbé-Pierre, les mesures d'exonération fiscale en faveur des propriétaires n'ont rien de " populaire ". Contrairement à ce que Borloo veut faire croire, elles contribuent à la cherté des loyers.
Cette politique revient cher à l'État, puisque le cadeau fiscal pour un logement locatif privé est supérieur à la subvention qu'il accorde à un organisme HLM pour un logement social !
Alors que le gouvernement aide les propriétaires à placer leur argent dans l'immobilier, l'urgence serait de faire l'inverse, elle serait de créer un service public où l'État prendrait en charge la construction des trois millions de logements sociaux qui manquent. Une exigence qu'il sera nécessaire d'imposer.